C'était une certaine et triste journée du 29 septembre 1994, à Gambetta, son quartier natal d'Oran, qu'a été assassiné le crooner Hasni, à la fleur de l'âge à 26 ans, alors de son art n'était pas du tout mineur. Il avait été abattu, froidement de plusieurs balles à la tête alors qu'il se trouvait sur la pas de porte du domicile de ses parents. Un acte criminel d'une cruauté innommable. Du coup, Hasni fut le premier chanteur de raï martyr, victime du terrorisme. Et par voie de conséquence, Hasni s'en est allé paver le Panthéon des suppliciés de la musique et culture algériennes victimes de l'intolérance sanguinaire, à l'image de Rachid Baba Ahmed, Abdelkader Alloula, Tahar Djaout, Matoub Lounès, Cheb Aziz ...Des artistes morts pour ce qu'ils étaient et représentaient. C'est à dire, une clarté et un talent dérangeants. Hasni était le messager de l'amour (marsoul el hob) en paraphrasant Abdelwahab Doukali. Il était, et est toujours, le roi de la chanson sentimentale raï, ravi à ses millions de fans. Il demeure le plus grand et gros vendeur de K7 et CD, vraiment un « best-seller » actuel du style raï. C'est dire que sa notoriété posthume éclipse d'autres stars vivantes de raï. C'est à 19 ans que Hasni fut remarqué par un producteur de maison de disques oranaise avec qui il signera son succès d'estime. Et ce, en formant un duo chic et de choc, à la manière de Fadéla et Sahraoui, avec Cheba Zahouania (alors masquée et qui était de huit ans de son aînée). Le tube s'intitulait Baraka M'ranika, une chanson paillarde, c'était l'année 1986. Après une série de flops, Hasni animé d'une ambition sans bornes, se défaussera du raï rebelle, jugé licencieux et truculent en créant son propre style. Un raï mélodique, romantique, soft, sentimental, langoureux porté par une émouvante voix plaintive et déchirante à vous donner la chair de poule. Une beauté de la tristesse ! Aussi, ne volant guère son titre royal de crooner et afffublé du surnom de Julio Iglesias du raï, il explosera avec Gaâ N'ssa, Baîda mon amour, Visa, Consulat, Aâlach Ya Ania, Mouhal N'sbour aâla Oualdi...Cependant, ses admirateurs de la première heure et ceux d'aujourd'hui se sont vu recevoir un legs précieux. La chanson testamentaire Tal ghiabek Ya Ghzali (L'Espoir). Douze ans après sa disparition, Hasni garde intact son capital « big respect » auprès des jeunes, même s'ils n'ont pas vécu son époque. Mais ce qui est dramatique, c'est que son catalogue ( son repertoire) appartient à tout le monde. Et sa mère et les ayants-droits ne touchent aucun sou sur cela. Son éternelle épitaphe ce sont les mots de Galou « Vous m'avez tué alors que suis toujours vivant » !. Méditation : ! La légende continue !