Aïn Ouaâd Allah est l'une de ces cités réalisées dans le sillage d'une urbanisation effrénée et d'une politique populiste de résorption de l'habitat précaire. Deux décennies auront suffi pour transformer cette ancienne étendue d'espaces boisés et de terrains vagues, en cité, habitée par des petits fonctionnaires et des familles issues de la classe moyenne sinon défavorisées. Pour un hypothétique visiteur, il est conseillé de ne point s'y aventurer de nuit ou au petit matin. Des hordes de jeunes marginaux y sévissent avec sang-froid. Salaheddine explique le phénomène par une relation de cause à effet avec l'absence d'éclairage public. «Cette partie de la ville fait partie des quartiers chauds et c'est le point de rencontre et de passage de toute cette faune de jeunes, repris de justice et autres groupes de malfaiteurs qui débarquent des quatre coins de la partie sud de Souk Ahras (…) la cause : ce sont ces maisons semi-construites, ces grottes, ces tunnels et ces impasses qui deviennent à la faveur de la nuit, des fiefs de criminalité où les agresseurs et toute la plèbe locale élit domicile (…) la solution est entre les mains des élus de l'APC qui nous privent depuis des décennies d'éclairage», a-t-il fulminé. L'absence d'un plan anti-inondation et d'avaloirs, qui ne répondent guère aux normes, fait de ce quartier une zone à haut risque. «Chaque été est synonyme de scorpions et de serpents qui se libèrent depuis la partie broussailleuse de la cité Bendada et chaque hiver est synonyme pour nous d'infiltrations des eaux et de fissures des maisons», a renchérit le voisin de notre interlocuteur. Le relief de cette agglomération, entourée de monts et de monticules des autres concentrations urbaines, représente, en effet, une condition favorable aux inondations. Force est de noter par la même occasion que dans certains cas, les habitants sont aussi responsables de certaines situations. Des extensions anarchiques, des hangars improvisés, des routes et des ruelles obstruées par le béton sont loin de faciliter une quelconque réhabilitation du tissu urbain dans ce quartier de la périphérie où prolifèrent également des constructions illicites.