Si le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a reconnu la modeste mobilisation des enseignants au Centre, il se félicite, néaumoins, d'un «suivi assez important» dans le reste du pays. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a entamé, hier, une grève de trois jours. Les structures universitaires de la capitale n'indiquent pas une grande mobilisation syndicale, ce qui confirme clairement que le syndicat a perdu ses fiefs qu'étaient l'Université des sciences et technologies Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB) et l'université d'Alger. Le CNES se félicite par contre d'«un suivi assez important dans le reste du pays». Selon le secrétaire général du CNES, M. Rahmani, le taux de suivi est autour de 75% au niveau national. Les plus hauts taux sont enregistrés dans les universités du Sud et des Hauts-Plateaux où, dans certaines structures, il a atteint les 100%, selon le CNES. Une virée dans les campus d'Alger permet de constater une présence policière impressionnante, mais une activité normale des enseignants et de leurs élèves. «Nous avons eu nos cours sans aucune perturbation», affirment tous les étudiants interrogés. L'accès à l'enceinte universitaire demeure interdit. Pas de piquet de grève ni de banderole à l'université Alger 1 abritant les facultés de sciences de la nature, sciences de la matière, mathématiques, informatique et architecture. La fac centrale d'Alger semble rompre définitivement avec les mouvements de protestation et de revendication qui l'ont caractérisée durant des décennies. La cause est toute simple : «La plupart des enseignants sont des vacataires, donc payés à l'heure et ont la crainte d'être écartés à la moindre absence pour grève.» Le CNES, qui reconnaît qu'il «n'a plus le monopole» avec la reconfiguration du paysage syndical due essentiellement à l'émiettement des syndicats et aux manœuvres de l'administration, accorde plus d'importance au «cri d'alarme» lancé par les enseignants à l'adresse des pouvoirs publics, mais aussi à l'opinion pour dire «halte aux discours anesthésiants et aux mots soyeux» qui visent, selon le CNES, à maintenir la léthargie dans laquelle baigne le secteur. «L'université va mal et il faut que tout le monde s'implique pour sauver ce qui peut l'être», lance le CNES, qui compte sur l'adhésion enregistrée à travers les 47 sections pour sensibiliser aux préoccupations des enseignants. «Quand 80% des enseignants universitaires sont payés entre 45 000 et 60 000 DA, c'est que l'université va très mal», dénonce le syndicat, qui veut également attirer l'attention sur l'importance des effectifs d'étudiants face au manque d'enseignants : 55 000 professeurs d'unversité pour 1,5 million d'étudiants, affirme le secrétaire général du CNES. Outre la détérioration du pouvoir d'achat, le syndicat interpelle également les pouvoirs publics pour un débat général sur l'université. Autres revendications du CNES : une rupture avec la désignation administrative des recteurs et chefs d'établissement et «l'introduction des pratiques démocratiques pour l'élection de ces responsables». A souligner que le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé, hier, une rencontre avec les partenaires sociaux fin décembre, et ce, «pour la prise en charge des préoccupations de la communauté universitaire», explique une source du ministère reprise par l'APS. La rencontre verra la participation de représentants de la commission des syndicats des enseignants et de la commission des organisations estudiantines agréées. La mise en place de ces deux commissions avait été décidée au terme des rencontres, en septembre, du ministre de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, avec les partenaires sociaux. Le CNES précise qu'aucune invitation officielle ne lui a été adressée.