Abdelfetah Touzout. Un haut cadre algérien. Un ingénieur qui a une double nationalité. Il est algérien et allemand. Il travaille à Bonn. L'été dernier, M. Touzout a voulu fuir le bruit de sa ville résidentielle et le stress du travail à la recherche d'un moment de détente. Son choix s'est porté sur Hamamet (Tunisie). Mais le voyage de Abdelfetah Touzout n'a pas tardé à devenir « un cauchemar ». Il a subi les pires brimades et avanies. M. Touzout s'est rendu en Tunisie en présentant non pas le passeport allemand mais celui algérien. « On m'a fait attendre plus de huit heures à l'aéroport, sans me donner la moindre explication et même pas un verre d'eau. Après cette longue attente, c'est le chef d'escale d'Air Tunis qui m'informa que je ne suis pas admis en territoire tunisien, alors que c'est normalement le travail des services de la PAF. C'est ainsi qu'il m'avait renvoyé vers Leipzig (ville allemande), alors que je suis venu de Düsseldorf. Comme si vous êtes venus d'Alger à Tunis et on vous renvoie sur Casablanca », précise-t-il dans une lettre de doléances adressée à l'ambassadeur d'Algérie à Berlin, le 4 août dernier. « Ils m'ont maltraité, tel un animal et comme un paquet sans adresse. J'arrivai à Leipzig vers 2h et j'avais passé la nuit dans un hôtel pour que je prenne le lendemain le train pour Cologne. Un voyage qui dura plus de sept heures », note-t-il. Dès son arrivée en Allemagne, M. Touzout avisa les autorités compétentes pour mettre un terme à cette affaire. « Ce qui m'est arrivé lors de ma visite en Tunisie est plus qu'un désastre humain », dit-il. M. Touzout précise que ce n'est pas la première fois que les autorités tunisiennes traitent de cette manière les ressortissants algériens. « Cela m'est arrivé en 2003 », indique-t-il. « C'était en 2003 que je voyageais pour la première fois de ma vie en Tunisie. J'étais muni de mon passeport allemand. Ils m'ont laissé moisir pendant plus de trois heures pour, enfin, me laisser passer. Ils m'ont posé des questions sur ma situation militaire », raconte-t-il. « En décembre 2003, je rentrai de nouveau en Tunisie pour y rester deux ou trois jours, pour ensuite regagner l'Algérie et passer le nouvel an auprès de mes parents. Le même cas s'est produit. J'avais attendu plus de trois heures avant qu'on me fasse savoir que je suis fiché chez eux, pour cause de service national. Cela intervient au moment où l'Algérie ne demande plus cette pièce au niveau de la PAF », ajoute-t-il. M. Touzout a regagné donc Alger. Le lendemain, il s'est présenté à l'ambassade de Tunisie à Alger afin de régler ce problème de carte militaire. « J'ai été reçu par un diplomate tunisien. Celui-ci a envoyé une déclaration de régularisation de ma situation auprès de leur police des frontières, en vain », souligne-t-il. Maintenant, ce haut cadre d'origine algérienne demande au gouvernement tunisien réparation. Il a également interpellé la diplomatie algérienne pour qu'elle intervienne afin de mettre un terme à ces dépassements exercés à l'encontre des Algériens. Selon lui, beaucoup de cadres supérieurs algériens en Europe sont fichés chez les autorités tunisiennes.