Placé sous le signe “la connaissance et le savoir dans ce domaine”, le Festival national de la chanson chaâbi veut révéler de nouvelles voix qui pourront porter cette musique, à l'abri du débat, voire la discorde entre les conservateurs et les modernistes du chaâbi. Le commissaire du Festival national de la chanson chaâbi, Abdelkader Bendaâmache, a animé, avant-hier à l'Institut national supérieur de musique (INSM), un point de presse durant lequel il a révélé les grandes lignes du programme de la 4e édition du festival, qui se tiendra cette année du 9 au 15 septembre prochain, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. En fait, la 4e édition du Festival national de la chanson chaâbi est ambitieuse puisqu'en plus du programme musical chargé de la compétition et des hommages, il y aura également des journées pédagogiques et des conférences à l'INSM. Après un bref rappel historique du Festival, qui existe depuis 2006, après une institutionnalisation en 2005, Abdelkader Bendaâmache a expliqué que les présélections, qui ont eu lieu l'été dernier (parallèlement au Panaf) à Sétif, Mostaganem et Alger, ont connu une forte affluence de jeunes. De ce grand nombre de participants, le jury a choisi 83 chanteurs qui ont pris part à la demi-finale. Pour le rendez-vous d'Alger, le choix s'est porté sur 30 finalistes, qui se produiront chaque soir face au public de Bachtarzi, et face au jury, présidé — comme lors des précédentes éditions — par El Hadj Boudjemâa El Ankis. Ce dernier sera aidé par cinq autres personnes, notamment le chanteur et ancien maestro de l'orchestre de la Radio algérienne, cheikh Tahar Ben Ahmed, le chanteur et actuel maître de l'orchestre de la Radio algérienne, Abdelkader Rezkellah, le chercheur et poète Abderrahmane Aïssaoui, le musicien, chercheur et universitaire Mohamed Hmaïdia et le chercheur et auteur Mohamed Touzout. Les prix qui seront attribués sont au nombre de cinq, en plus de cinq autres mentions ou prix d'encouragements. Pour ce qui est du plateau artistique, il n'y aura pas d'artistes chevronnés cette année. “Ce sont les lauréats des années précédentes qui animeront les deuxièmes parties de soirées. Ce sont des artistes accomplis à présent, très populaires dans leurs régions et ils ont été révélés au Festival ,donc il n'y a pas de raison pour qu'ils ne soient pas parmi nous”, explique M. Bendaâmache. Par ailleurs, le Festival national de la chanson chaâbi tend, à chaque édition, à rendre hommage à des figures de proue du chant chaâbi. Après une édition dédiée à El Badji, l'an dernier, l'édition de cette année rendra hommage à trois personnalités emblématiques de cette musique : El Hadj Hassen Essaïd, Amar El Achab et El Hadj M'rizek. D'ailleurs, l'association les Amis de la Rampe Vallée a rendu hommage à ce dernier, vendredi dernier, notamment à travers l'organisation d'un concert auquel ont pris part plusieurs voix. Abdelkader Bendaâmache a également révélé que les soirées du festival s'articuleront autour de trois axes : la première partie est réservée à la compétition. Ainsi, chaque soir, cinq à six candidats se produiront sur scène, sous le regard attentif du jury, qui notera notamment la tenue vestimentaire, la voix, la capacité de mémorisation, la maîtrise de l'interprétation, ainsi que l'authenticité du texte et de la mélodie. Après une pause de quelques minutes, un poète viendra dispenser une lecture d'un poème du melhoun. Le public pourra garder une copie de ces poèmes, puisque les textes seront distribués. La nouveauté, cette année, c'est le stand de l'Enag, qui sera installé à l'entrée du TNA. L'Enag, partenaire et sponsor du festival, pourra vendre ses ouvrages, notamment les recueils, “Diwans”, qui sont consacrés au chaâbi et qui sont édités dans le cadre du festival. La grande nouveauté également de cette 4e édition est l'hébergement des artistes à l'Institut national supérieur de musique. Par ailleurs, Abdelkader Bendaâmache, a évoqué les difficultés auxquelles le Festival est confronté. “Nous avons initié une tournée en 2007 à travers tout le territoire national, mais nous n'avons pu récidiver ou retenter l'expérience, à cause de nos moyens limités. D'ailleurs, notre budget cette année a encore diminué”, déplore le commissaire du festival. Pour en revenir à cette 4e édition, les ambitions sont grandes, les rêves grandioses et les hommages très appropriés et largement mérités. Il ne reste que la qualité ! Toutefois, le chaâbi est quand même une musique qui n'arrive pas encore à aller vers la modernité et à sortir de la tradition, qui ne fait que la détruire et la rendre encore plus hermétique. Le chaâbi reste aussi enfermé dans la capitale et n'arrive pas à séduire les autres régions du pays. D'ailleurs, lors des trois précédentes éditions, ce sont les Algérois qui ont remporté les premiers prix. Peut-être que ce festival réhabilitera-t-il cette musique figée dans la tradition ?