Pour les autorités judiciaires, Abderrazak le Para, membre de la direction du GSPC et auteur de l'enlèvement des 31 touristes occidentaux en 2003, ne pourra pas bénéficier des dispositions de la charte pour la paix. Une plainte contre lui et son groupe a été déposée par le gouvernement allemand, dans le cadre de l'affaire de la prise en otage des touristes et la mort de Michaela Spitzer, une d'entre eux, au cours de la traversée du désert qu'il a organisée pour se réfugier au Mali. Ammar Saïfi, dit le Para, ou comme l'appellent ses proches Abou Haidara, a réussi tout au long de sa carrière de terroriste à s'imposer auprès de ses pairs par la violence de ses actions criminelles au point de provoquer la colère de son chef Hassan Hattab, du fait des décisions qu'il prenait sans le consulter. Il s'est illustré dans plusieurs attentats spectaculaires contre les forces de sécurité, dont « le succès » a fait naître en lui le rêve tant caressé par son rival Mokhtar Belmokhtar, à savoir l'installation d'un immense « émirat » au Sahara, sous contrôle de la katibat Tarik Ibn Ziad, ou encore katibat Essahra, (dont il est l'émir), et liée à Al Qaîda. C'est en tout cas ce qui ressort des révélations de son exégète, qui s'est rendu aux forces de sécurité à la fin de l'épisode de l'enlèvement des touristes, l'été 2003. Selon des sources sécuritaires, les informations fournies par ce repenti depuis l'enlèvement du sénateur Mohamed Bédiar à Tébessa, en juillet 2001, jusqu'en juillet 2003, après le départ du groupe vers le Tchad et son arrestation par les rebelles tchadiens illustrent assez bien le diabolique plan qu'il avait commencé à mettre en exécution avec l'aide d'un émissaire d'Al Qaîda, le Yéménite Mohamed Alwan Abdelwahid, dit Abou Mohamed El Yamani, entre 2001 et 2002. A cette époque, le Para et Mokhtar Belmokhtar ont effectué un voyage au nord du Mali, Niger et Mauritanie, jusqu'au Sahara-Occidental, en compagnie d'Abou Mohamed Al Yamani, dans le but d'établir des contacts avec les trafiquants d'armes et les chefs des tribus locales. Durant ce voyage, Abderrazak le Para s'est rendu compte de l'importance stratégique de cette région ouverte sur plusieurs pays ravagés par la misère, où sont implantées de nombreuses sociétés étrangères dotées de matériels modernes de communication et de transport, qu'il pouvait facilement subtiliser pour les utiliser comme monnaie d'échange. Très ambitieux, Saïfi acceptait mal la connaissance parfaite du terrain par Belmokhtar et ses relais dans le milieu des contrebandiers et chez les notables du Mali, du Niger et de Mauritanie, au point d'entrer en conflit avec lui. Des accusations mutuelles devenaient de plus en plus persistantes, notamment autour du partage des armes achetées dans les pays du Sahel. Belmokhtar voulait que l'armement soit distribué équitablement par Hassan Hattab, l'émir national, mais le Para préférait l'acheminer vers la zone 5 (est du pays) qu'il dirigeait. Son refus de se soumettre à l'autorité de Belmokhtar, sur ordre de Hassan Hattab, a fait de lui le chef le plus contesté au sein du GSPC. Pour rétablir sa « notoriété », il prend la décision d'organiser en premier lieu l'attaque meurtrière, au mois de décembre 2002, contre un convoi de parachutistes à Iguelfen (wilaya de Batna). Le Para a minutieusement préparé cette embuscade, après son retour d'un long séjour à Djebel Labiodh à Tébessa. Avec une vingtaine de terroristes appartenant à différents groupes de la zone 5, il a tout d'abord creusé des niches dans les montagnes de Menâa, non loin d'Iguelfen. Il est rejoint par l'émir de Taghda, accompagné de cinq colonnes composées d'une vingtaine de terroristes chacune. Un faux barrage est alors dressé par ces derniers sur la route et les véhicules volés transférés vers l'endroit choisi initialement. C'était en fait un traquenard pour attirer la patrouille de l'ANP vers ce lieu. Au total, 36 parachutistes et 3 gardes communaux ont trouvé la mort. Le butin de cette opération était composé de 37 kalachnikovs, un fusil-mitrailleur, 2 lance-roquettes, des postes radio et 25 tenues des troupes aéroportées. L'embuscade a redonné à Saïfi « l'aura » qu'il commençait à perdre au sein de son organisation. L'épisode de la prise d'otages Contrairement à l'embuscade contre les parachutistes, l'enlèvement des touristes n'a pas été réfléchi ou organisé à l'avance. La décision du rapt a été prise d'une façon spontanée. Au moment où Saïfi et ses éléments s'apprêtaient à dresser un faux barrage sur la RN3, entre Djanet et Illizi, sur une falaise qui surplombe un canyon, un des proches de Saïfi a remarqué la présence de 3 véhicules, dont une Toyota rouge, appartenant à des touristes. Informé, le Para a pris la décision de les attaquer dans le seul but de leur subtiliser leur moyen de transport. Deux terroristes, qui connaissaient bien la région pour y avoir longtemps activé avec Belmokhtar, ont tenté de l'en dissuader, en vain. A bord d'une Toyota, il a décidé de suivre de loin les touristes jusqu'à la tombée de la nuit, moment où ils se sont arrêtés pour dresser leur campement au lieudit Aïn El Hadjadj, situé à 170 km à l'ouest de la ville d'Illizi. Saïfi est revenu à son « quartier général » pour ramener du renfort et organiser l'opération. Sur les lieux, il ne trouve que trois touristes allemands, Jurgen Mahteis, Frank Gottober et Sascha Noterr, endormis sous leur tente et trois motocyclettes. La découverte de ces motocyclettes a déçu le Para, lui qui pensait trouver des Toyota. Il a demandé aux touristes de le suivre après les avoir délestés de leur argent, documents de voyage, GPS, téléphones portables et de leurs cartes topographiques. Ne pouvant conduire les motocycles, il a exigé des otages de les enfourcher, en les escortant par des terroristes. Sur la route, vers le refuge, ces derniers ont remarqué un fourgon de type Toyota Hiace de couleur rouge, qu'ils avaient déjà aperçu durant la journée. Il était garé à 4 km, plus loin, près d'une piste. A côté, ses occupants, deux couples de touristes suisses, Marc Hediger, Reto walther, Silja Staheli et Sibylle Graf, dormaient dans leur sac de couchage. Ils sont réveillés brutalement et embarqués à l'arrière de leur fourgon, conduit par un des terroristes. A l'aube, les véhicules se sont arrêtés sur ordre de Saïfi afin de permettre à tout le monde de se reposer. Au coucher du soleil, le convoi a repris son chemin. Sur la route, un autre groupe de touristes à bord de motos, composé d'un Hollandais, Arjen Hilbers et de trois Allemands, Martin Hainz, Rainer Bracht et Christian Grune, est intercepté. Délestés de leur argents, documents de voyage et moyens de communication, ces touristes sont également pris en otages avec les autres. A l'entrée des montagnes, menant vers le Tassili, le groupe s'est arrêté pour passer la nuit. Dès le lever du jour, le Para a réuni autour de lui ses onze compagnons pour s'adresser à ses otages. Il s'est présenté comme étant l'émir du GSPC pour la zone 5 qui englobe la région est et sud du pays, ainsi que les zones frontalières avec les pays africains. Il leur a expliqué qu'il allait demander une rançon à leurs gouvernements en contrepartie de leur libération. Très inquiets pour leur sécurité, les touristes ont voulu connaître le sort que le groupe de terroristes leur réservait. Pour les rassurer, Saïfi s'est engagé à leur permettre, une fois au refuge, de contacter leurs familles par téléphone et de les libérer dans un délai ne dépassant pas 15 jours. Cette réunion a été filmée par un des proches de Saïfi, dans la perspective d'utiliser l'enregistrement lors des négociations. Juste avant de reprendre la route vers le refuge, les touristes ont demandé la permission de faire une prière collective, officiée par Reto Walther. Ce que le Para n'a pu refuser. Néanmoins, au moment où les touristes priaient, il s'est retourné vers ses acolytes et leur a déclaré qu'il n'hésiterait pas à couper la tête de chacun des touristes, si leurs gouvernements refusaient de payer la rançon. La trajet vers le refuge a duré, selon les révélations du repenti, deux jours. Pour plus de sécurité, les otages sont mis dans une petite galerie en contrebas d'une montagne de roche et deux terroristes sont désignés pour avoir l'œil sur eux. Ils ont par la suite été déplacés vers une grotte située, cette fois-ci, au milieu de la montagne pour une meilleure aération. Cinq jours plus tard, le Para a réuni ses plus proches compagnons, originaires de Ouargla et ayant activé au sein du groupe de Belmokhtar, pour discuter de la suite de l'opération. Saïfi ne semblait pas du tout inquiété par le sort des otages. La réunion s'est terminée sans aucune décision. Quelques jours plus tard, il prend une trentaine de ses fidèles et part pour dresser un faux barrage sur la route reliant Djanet à Illizi, laissant les otages sous la surveillance d'une quinzaine de terroristes. Sur son chemin, il rencontre un autre groupe de touristes allemands, Witek Mitko, Michaela Spitzer, Kurt Schuster et Erna Schuster, à bord de deux véhicules Iveco. Il les fait acheminer par trois terroristes vers le refuge, tout en gardant leurs véhicules pour être utilisés dans l'opération du faux barrage. Au moment où celle-ci devait être menée dans la région d'Amguid, il a encore, une fois, rencontré d'autres touristes qu'il a séquestrés dans un autre refuge, situé non loin de cet endroit. Abderrazak le Para a continué pendant des semaines à sillonner la région, en s'informant de la situation des deux groupes d'otages, notamment celui du Tassili, par le biais des contacts radio avec ses compagnons. Le sort des touristes ne le préoccupait pas du tout. Quatre mois sont déjà passés sans que le sort des otages ne soit tranché. Les hommes de Saïfi ont commencé à s'inquiéter. Pour les calmer, le Para leur expliquait que les négociations prenaient du temps. Le premier groupe de touristes détenu au Tassili, rassuré au début par les promesses de Abderrazak, a fini par désespérer. L'attente a été très longue. Ils ont décidé de s'organiser en désignant le Suisse Marc Hediger comme porte-parole et à la fois comme responsable du partage des vivres, dont les rations devenaient de plus en plus maigres. Au fil du temps, ils ont fini par nouer des relations avec les otages. Certains leur donnaient des cours de français et d'anglais en contrepartie des cours d'arabe. Cette relation est devenue de plus en plus intense au point, où ravisseurs et otages se sont échangé des cadeaux et des plats traditionnels. Mieux, un des terroristes s'est tellement bien comporté avec les touristes qu'il a eu droit à deux invitations écrites pour passer des vacances dans leur pays. Mais ces lettres ont été déchirées quelque temps plus tard, de peur que le Para les découvre sur lui. Le 13 mai 2003, le groupe a appris par les ondes de la radio la libération des otages détenus à Amguid. Un contact radio a été établi avec le Para, lequel a catégoriquement démenti l'information. Mais le lendemain, ce dernier est revenu sur ses propos pour annoncer la libération effective des otages d'Amguid tout en précisant que celle des détenus du Tassili est en voie de l'être. Une nouvelle qui a provoqué la joie des otages, lesquels ont organisé une collation à laquelle les ravisseurs ont été invités en vue de fêter ensemble la fin de leur cauchemar. En fait, les otages d'Amguid devaient être exécutés. Le Para avait donné l'ordre à deux de ses compagnons de tuer les touristes en captivité à Amguid avant que les forces de sécurité ne donnent l'assaut. Cependant, cet ordre n'a pas été respecté. L'ensemble des terroristes, qui assuraient la surveillance des otages et après concertation, ont estimé qu'il n'y avait aucun avis religieux qui justifie l'exécution des otages, préférant de ce fait abandonner les otages, pour les laisser en vie et fuir les unités de l'ANP qui étaient sur le point de donner l'assaut. Après cette libération, le Para a pris attache avec le groupe de Tassili et lui a demandé de quitter les lieux avec les otages et de le rejoindre à l'entrée de la montagne, d'où ils se sont dirigés vers Djebel Oum Idir, situé à 300 km à l'est de Aïn Salah. Un endroit très riche en points d'eau, mais également en végétation. Le Para, une fois les otages installés dans un endroit sûr, a pris la route vers Amguid à la recherche de ses hommes, dont il n'avait plus de nouvelles. Plus de dix jours après, il a réussi à les ramener jusqu'à Djebel Oum Idir. Il a chargé trois de ses terroristes de récupérer le fourgon Iveco, appartenant aux touristes. Une fois tous les éléments du groupe réunis avec les otages, en juin 2003, ils ont pris la route à bord de trois véhicules Toyota et le fourgon Iveco par Tanezrouft vers le Mali. Sur le chemin, et eu égard aux rudes conditions de voyage, l'absence de haltes et le manque d'eau, Michaela Spitzer a perdu la vie. Ce décès a créé un sentiment de panique et de peur au sein des otages. Parmi eux, certains ont même réclamé d'être tués pour faire cesser leur souffrance. Négociations avec le gouvernement allemand Dès son entrée au territoire malien, le Para a choisi Taoudeni, une zone fortement boisée, pour installer les otages et ses compagnons. Il s'est tout de suite lancé à la recherche d'un autre groupe du GSPC, dirigé par un certain Abdelfetah de Djebel Boukhil (zone 9 du GSPC), qui se trouvait dans ce pays depuis déjà une année. Ce groupe était l'auteur de plusieurs faux barrages menés entre In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar, pour délester les victimes de leurs véhicules tout-terrains et leurs moyens de communication. Le Para a fini par rencontrer le groupe de Abdelfetah, vingt jours après, et l'a invité à son campement à Taoudeni, avant de partir ensemble à Djebel Koum Koum Hani, situé à quelque 200 km de la frontière algéro-malienne. Une région que le Para a visitée avec Belmokhtar en 2001. Grâce aux bons offices de Abdelfetah, le Para a pris attache avec les chefs des tribus arabes et touaregs au Mali pour commencer les négociations avec leur gouvernement et l'ambassade d'Allemagne à Bamako, pour la libération des otages. Pour mieux prouver la détention de ces derniers, une cassette vidéo a été transmise aux négociateurs officiels. Le Para a promis aux chefs des tribus 110 millions de dinars une fois l'opération réussie et la rançon versée. Subjugués par le gain financier que cette affaire pouvait leur procurer, une véritable course aux tractations a été déclenchée par les chefs de tribus. Mais la partie allemande a demandé à entrer en contact direct avec l'un des otages avant toute négociation. Le Para n'avait pas le choix. Il a accepté et désigné l'Allemand Christian Grune pour l'accompagner. A chaque rencontre pour négocier, le Para ordonnait par radio à ses hommes de changer leur campement pour s'installer le plus loin possible dans le but d'éviter toute attaque surprise des services de sécurité. Ces négociations ont duré deux longs mois, à l'issue desquels Saïfi a fini par accepter la somme globale de 5 millions d'euros, après avoir exigé au début 3 millions d'euros pour chaque otage. Une fois cet accord avalisé par les deux parties, deux véhicules officiels maliens ont été mis à la disposition des ravisseurs pour conduire les otages vers l'endroit où devait s'effectuer l'échange de la rançon contre les touristes, à Taoudeni. Quelques heures plus tôt, le Para a déployé ses hommes sur tout le périmètre, afin d'exhiber sa force et dissuader toute attaque. La transaction a été un autre succès pour le Para. Il a récupéré la somme de 5 millions d'euros, contenus dans trois valises, avant de réunir ses hommes et ceux de Abdelfetah, à Koum Koum Hani, pour leur annoncer le montant du butin. Il leur a expliqué que cette somme servira à l'achat des armes et autres moyens logistiques pour poursuivre le djihad. Abdelfetah lui a fait part d'une arnaque dont il a fait l'objet par un trafiquant d'armes en Mauritanie. Pour l'aider, le Para lui a remis une somme de 30 millions de dinars, destinée à l'achat des armes en Mauritanie et remis 300 euros à chacun de ses hommes. Ce qui a provoqué une grande colère parmi eux. Il a désigné quatre groupes pour l'achat des armes au Mali et au Niger. Le premier, dirigé par Abdelhamid Abou Zeid, s'est procuré, dans une première étape, 15 PM/AK chinois et russes, un mortier, 10 roquettes pour RPG7 et une importante quantité de munitions, et dans une seconde étape, 2 RPG2 avec 20 roquettes, 2 fusils-mitrailleurs, 12 PM/AK chinois et irakiens, 1 korinov et un lot de munitions, 25 roquettes pour RPG2, 2 pistolets automatiques Tokarev ainsi que 60 PM/A. Le deuxième groupe, dirigé par Abdelfetah, a acheté, au mois de janvier 2004, 1 mortier, 10 obus, 20 PM/AK, une mitrailleuse et 90 000 cartouches ainsi que des appareils Thuraya. Cet armement devait être acheminé vers la zone 5 par un certain Abou Hafs. L'exégète du groupe a profité de cette occasion pour remettre au chauffeur une lettre adressée à l'émir de la serriat Al Forkane de Bir El Ater, au conseiller militaire de la katibat El Fetha, à Djebel Labiodh, à Tébessa, les informant que les accusations portées par Belmokhtar contre Abderrazak le Para étaient fondées. Ce convoi a été neutralisé par les forces de sécurité à Fougarat Ezzoui, à In Salah, et la lettre retrouvée sur le corps du chauffeur. La rançon a également permis l'achat de 11 Toyota Station, d'un camion Man et de 4 postes radio, et une vingtaine d'appareils Thuraya et des GPS pour l'ensemble des chauffeurs. Le Para a aussi remis l'équivalent de 20 millions de dinars à un terroriste dénommé Allane Mohamed, dit Ali, pour aller avec d'autres acolytes au Niger pour acheter des armes. Il les a rejoints en janvier 2004 pour s'enquérir de visu de la transaction. La première acquisition d'armes par le Para était composée d'une dizaine de pistolets-mitrailleurs kalachnikovs (PM/AK) coréens sous emballage, achetés à 1000 euros la pièce. Il a, par la suite, acquis 22 autres PM/AK russes pliants, mais ayant remarqué que ces pistolets étaient défectueux, ils ont été échangés contre d'autres à raison de 3 millions de dinars. Le Para a également acheté une korinov, au prix de 450 000 DA. Il a remis l'équivalent de 50 millions de dinars à un de ses compagnons pour acheter des armes, mais qu'il a récupérés au mois de septembre après avoir eu écho de la destitution de Hassan Hattab de la direction du GSPC et son remplacement par Nabil Sahraoui, avec lequel il ne s'entendait pas. Entre temps, il s'est rendu compte que les armes coûtaient trop cher. Voyant que l'argent de la rançon commençait à s'épuiser, le Para a tenté de rééditer le même scénario de prise d'otages. Il a séquestré pendant 24 heures un groupe de touristes à Kidal, mais il les a libérés sur demande des autorités maliennes, avec lesquelles il s'est engagé à ne pas commettre d'attentats sur leur sol. Certains contrebandiers de la région lui ont conseillé de s'approvisionner en armes du Tchad, où les prix sont nettement moins chers. Il a donc décidé de s'y rendre avec une colonne de ses plus proches collaborateurs. C'était la fin de son parcours. Il a été arrêté par les rebelles tchadiens, qui l'ont, après de longues négociations, remis aux autorités algériennes. Le différend avec Belmokhtar Etant un personnage très ambitieux et impulsif, Abderrazak le Para ne supportait pas que Mokhtar Belmokhtar lui fasse de l'ombre. Sa première dispute avec lui a eu lieu après l'enlèvement du sénateur Boudiar, à Tébessa, en juillet 2001, dont la libération a nécessité le paiement d'une rançon de 30 millions de dinars. Une somme qui a été utilisée pour l'achat d'une importante quantité d'armes. Belmokhtar a voulu imposer des restrictions, en précisant à Abderrazak que le quota alloué à chaque zone ne doit pas dépasser les 2000 cartouches, alors que les armes lourdes devaient être destinées à « la direction nationale » du GSPC. Belmokhtar, et pour se faire respecter, a indiqué que ces ordres émanent de Hassan Hattab en personne. De retour à Djebel Labiodh, à Tébessa, a refusé de rejoindre le quartier général de son chef qui l'a convoqué, et a pris la décision d'interdire à Belmokhtar de transiter par la zone 5, qu'il dirige, allant jusqu'à le menacer de mort. Cette animosité a fini par faire le tour des régions. Ses propres compagnons lui ont donc reproché ses décisions unilatérales et impulsives, ainsi que sa rébellion vis-à-vis de Hassan Hattab. Il lui fallait donc une action qui puisse le réhabiliter et lui redonner son statut de terroriste aguerri de premier rang. C'était l'attaque d'une patrouille de parachutistes à Batna. Le climat es resté très tendu entre les deux hommes. Pour détendre l'atmosphère, le Para a organisé un séjour dans la zone 6, dans l'espoir de se substituer à Belmokhtar qui lui faisait de l'ombre. Dès la première opération menée à deux, le différend a refait surface. C'était le 20 décembre 2001, lors d'un faux barrage dressé sur la route reliant Illizi à Ouargla, à 60 km de Ohanet, pour s'emparer de 13 Toyota et un camion Mercedes appartenant à Sonatrach. Le Para s'est imposé en chef du groupe, et donc en donneur d'ordres, alors que la région ne dépendait pas de ses prérogatives. Un fait accompli que Belmokhtar n'a pas apprécié. Après cet incident, les deux se sont entendus à ce que Belmokhtar dirige le groupe tout au long de l'opération, étant donné qu'il reste l'émir de la région. A ce titre, il part avec Belmokhtar, en 2002, au Mali, où il rencontre l'envoyé spécial d'Al Qaîda. Abderrazak voyait d'un mauvais œil les bonnes relations qu'entretenait Belmokhtar avec les notables et les chefs de tribus de la région et surtout ses contacts avec les trafiquants d'armes et les contrebandiers. C'est alors que l'idée de s'installer au Sud lui a traversé l'esprit, mais d'abord en installant toute une logistique et une « armée » puissamment équipée.