Entre le faste et l'urgence, les responsables locaux, à l'instigation du wali de l'époque, ont vite fait le choix d'implanter un équipement de luxe quand l'argent coulait à flots. Les élus de l'époque n'avaient manifesté aucune résistance encore moins suggérer d'associer la société civile. L'idée d'un grand aménagement urbain au lieu-dit «Le Régina» a été presque un coup de force contre le bon sens et les priorités pour un chef-lieu loin d'être attractif. Dix années après, les habitants de Tiaret ne disposent même pas de gares routières dignes de ce nom, encore moins d'équipements publics structurants, voire de détente et de divertissement. Le gâchis est total. A fortiori, quand il s'est agi de réaliser de luxueux locaux en souterrain, beaucoup restaient sceptiques et le temps leur a donné raison. L'argent fut vite débloqué car la rente pétrolière était là. Doté d'une enveloppe initiale de 20 milliards de cts, le projet d'aménagement urbain Regina et place Mohamed Boudiaf coûtera au final plus de 50 milliards, nonobstant les dédommagements au titre d'expropriation de certains propriétaires et le relogement d'autres au cœur de la ville. Le projet, qui se fixait comme objectif de résoudre le problème de stationnement, l'exploitation du sous-sol et la redynamisation du centre-ville en le rendant plus attractif avec une galerie souterraine composée de 21 luxueux locaux, dont un dédié aux photos-souvenirs, une pizzeria, une crèmerie, un grand restaurant, une cafétéria, un salon de thé, une salle de jeux et, en surface, une terrasse en plein air, une place publique, deux parkings dont un de 80 places, n'a en réalité laissé place qu'à la désillusion. Les lieux sont désertés et en proie à la poussière. Dans sa partie nord, le projet comprenait un théâtre en plein air doté de gradins pour 300 places et de bancs publics sous des pergolas. Une coquetterie qui place l'organisme actuellement gestionnaire, l'agence foncière, dans l'embarras. Et pour cause, le directeur de cette entité, M. Sekine, alors qu'il n'est pas le propriétaire légal de cet équipement fantaisiste, s'est vu assigné en justice par les locataires qui ont tous baissé rideau car aucun commerce n'est rentable dans ce lieu. «Au départ, le wali de l'époque avait confié sa gestion à l'agence foncière avec l'implication de la DAL, les Domaines et même l'ex- DPAT pour l'établissement du cahier des charges mais à ce jour, rien n'a été fait». Pis encore, ce gestionnaire parle du projet comme «un cadeau empoisonné». «Actuellement, on ne gère que le parking et on continue de mobiliser notre juriste pour tirer au clair ces affaires qui traînent devant la justice», ajoute-t-il dépité. Bien qu'on annonce la tenue d'un conseil d'administration de l'agence foncière de wilaya, aujourd'hui, sous la présidence du nouveau wali, prions pour que des décisions salutaires soient prises pour l'intérêt de la collectivité, sinon le gâchis restera total.