Comment expliquer un pareil gâchis dans une région qui n'a jamais failli à son devoir national quand la patrie l'interpelle? Un véritable gouffre financier. La wilaya de Tizi Ouzou, comme toutes les autres wilayas du pays, a bénéficié d'une enveloppe financière de plus de 517 milliards de DA au titre des trois derniers plans quinquennaux pour rattraper son retard cumulé et relancer son développement. Mais sur le terrain, la situation ne fait qu'empirer. Le chômage augmente, l'eau potable manque, les routes ne sont pas toutes revêtues, le transport est défaillant, un manque terrible en réseau d'assainissement et le déficit en logement rural sévit toujours. A croire que les responsables de cette wilaya sont frappés d'une incompétence chronique. Sinon comment expliquer un pareil gâchis dans cette wilaya qui n'a jamais failli à son devoir national quand la patrie l'interpelle? Les programmes inscrits au profit de la wilaya ont été graduellement augmentés pour atteindre les 265,4 milliards de DA lors du dernier plan quinquennal (2010-2014), soit presque l'équivalent des deux plans quinquennaux précédents (1999-2004 et 2005-2009) dont le montant cumulé est de 252,18 milliards de DA, selon les statistiques de la direction de la planification et de l'aménagement du territoire (Dpat). La décennie 1999-2009 a été, sans nul doute, celle des grandes transformations qui ont permis à la wilaya de Tizi Ouzou de se replacer sur les rails du développement, et ce par la relance des projets structurants et l'inscription de nouveaux, avec comme priorité, le développement des infrastructures de base. C'est ainsi qu'ont été relancés, durant cette période, des projets structurants dormants, dont le port d'Azeffoun, inscrit en 1983 et non concrétisé, faute de crédits, le barrage de Taksebt, la rocade Sud et le pôle universitaire Hasnaoua II. C est aussi durant cette décennie, plus exactement durant le plan quinquennal 2005-2009 qu'ont été lancés en réalisation de nouveaux projets dont le pôle universitaire de Tamda, le port de Tigzirt, la modernisation de la voie ferrée. Les secteurs du logement, (notamment le rural), l'enseignement supérieur, la santé, l'éducation, l'hydraulique, les travaux publics, entre autres, ont aussi connu une évolution positive et importante, grâce aux enveloppes financières conséquentes dont ils ont été dotés. A titre d'exemple, le taux de raccordement au gaz naturel qui était de 13% à fin 1999 a progressivement augmenté pour atteindre actuellement plus de 46%. Le réseau routier dont seulement 16% étaient viable en 1999 a été pris en charge de sorte à ce que plus de 60% soient en bon état actuellement. Toutefois, certains facteurs spécifiques à la wilaya bloquent ou retardent la concrétisation des programmes de développement, ont relevé les autorités locales (administration et élus). Il s'agit en premier lieu de la rareté du foncier relevant du domaine privé de l'Etat, contrainte qui a fait qu'à Tizi Ouzou, le développement s'est fait en fonction de la disponibilité des assiettes foncières et non en fonction des besoins exprimés, admettent à l'unanimité les différents acteurs du développement local. Pour remédier à cette situation jugée «handicapante», l'agence foncière de la wilaya a été chargée de reconstituer le portefeuille foncier de la région. De même que le dossier des expropriations a été rouvert afin de régler les situations pendantes depuis plusieurs années, en indemnisant les expropriés avec des prix actualisés. Le dernier cas en date est celui des habitants de Souk T'lata (commune de Tadmaït), expropriés pour les besoins de la réalisation d'un barrage dans ce village. Outre le foncier, les oppositions des propriétaires terriens retardent considérablement les projets et obligent parfois l'Etat à débourser plus d'argent pour résoudre ce type de problème, comme ce fut le cas pour le projet de raccordement du gaz naturel dans la région de Larbaâ N'Ath Irathen. L'opposition du village Boudjeha au passage des canalisations sur son territoire a contraint l'administration à le contourner, allongeant ainsi de plusieurs kilomètres le réseau de distribution de gaz, avec ce que cela induit comme dépenses supplémentaires. A ces contraintes, s'ajoute le relief accidenté de la wilaya, un obstacle qui engendre des surcoûts dans la réalisation des projets. Le déficit en outils de réalisation performants, l'absence de production locale de matériaux de construction, et une forte densité démographique équivalent à une moyenne de 500 habitants au km², sont des facteurs parmi d'autres qui entravent le développement de la région.