«Le gain facile est une trahison contre le pays et les citoyens» Le ministre affirme que cette loi plébiscitée par les deux chambres, «vise à faire revenir la confiance entre l'Etat et les citoyens». Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, a reconnu hier en marge de l'adoption de la loi de finances 2016 qu'avant même l'entrée en vigueur des dispositions de cette loi, les prix flambent déjà. «En tant que ministre des Finances ainsi que le ministre du Commerce on a constaté que les prix flambent déjà.» «Le gain facile est une trahison contre le pays et les citoyens», a-t-il accusé les commerçants et spéculateurs ayant déjà revu à la hausse les prix des produits à la consommation. Le ministre qui n'explique pas par quel moyen ni comment réguler le marché pour lutter contre la spéculation, prétend que cette loi plébiscitée par les deux chambres du Parlement, «vise à faire revenir la confiance entre l'Etat et les citoyens». Dans ce contexte, il a indiqué que «les familles, citoyens et citoyennes, ne seront pas touchées par d'autres taxes et relèvements fiscaux que celles relatives aux augmentations des tarifs de gasoil, des essences, du gaz naturel et d'électricité qu'on a quantifié d'avance». «On a fait de sorte que le prix du gasoil, carburant le plus utilisé dans le secteur agricole, le transport public et l'industrie, soit moins augmenté que l'essence et ce malgré le fait que ce produit, dont la consommation a connu une hausse vertigineuse, est payé en espèces sonnantes et trébuchantes puisque provenant de l'importation», a-t-il noté. «Ces augmentations ne rapportent pas grand chose à l'Etat mais leurs tarifs qui restent équilibrés même s'il sont revus à la hausse, permettront de compenser dans une faible mesure les pertes subies par la Sonatrach, Naftal et Sonelgaz, dues à l'importance du différentiel entre le prix de revient et le prix de vente de ces produits», a-t-il soutenu. D'après lui, «ces augmentations visent à lutter contre le gaspillage et réduire les flux de contrebande». A titre de rappel, les prix des carburants vont passer à 19 DA/litre pour le gasoil et à 25 DA/litre pour l'essence super. Cependant, il a assuré qu' «il n'est pas question de réduire les salaires ni les subventions destinées à l'éducation, la formation, l'habitat et les produits de large consommation». Cette loi a été adoptée hier à l'unanimité par les membres du Conseil de la nation. Le texte a été voté par 123 voix (94 présents et 29 par procuration) avec 121 voix pour et deux voix contre. Le rejet a été l'oeuvre des deux sénateurs du FFS. «La majorité écrasante des membres du Conseil de la nation a voté en faveur de la loi de finances 2016 après son adoption à l'unanimité à l'APN», a jubilé Abderrahmane Benkhelfa à l'issue de la séance du vote. Le ministre qui a refusé de répondre aux questions des journalistes, en les renvoyant aux prochaines occasions, a souligné que la LF2016 est «une loi normale dans un contexte exceptionnel marqué par la dégringolade des cours des hydrocarbures et la crise économique internationale». Mais, en même temps, dit-il ce texte est une loi de finances «prometteuse» et «équilibrée» puisque ne comprenant aucune hausse d'impôts. «Le déficit budgétaire est d'à peine 9%. Il n'y a pas beaucoup de pays qui disposent d'un budget de 8 000 milliards de dinars», fait-il savoir pour signifier que le budget de l' Etat reste considérable. Pour le ministre «le défi à relever consiste à poursuivre le développement, notamment au niveau des filières de substitution à l'importation et à générer la croissance au moyen d'autres ressources financières extrabudgétaires malgré la baisse drastique des revenus pétroliers», indique-t-il. Sur ce point, il affirme que «la facture des importations reste très élevée malgré la légère baisse enregistrée cette année». «Les exonérations fiscales et facilités sont accordées à ceux qui produisent la valeur ajoutée. «La loi de finances vise à rationaliser la consommation des ménages et d'entreprise ainsi que les dépenses de l' Etat», a-t-il réaffirmé. Par ailleurs, étant donné les records enregistrés dans la baisse continue du prix du baril, les prévisions de ladite loi de finances risquent d'être revues à la baisse, selon de nombreux observateurs.