Pour l'ancien président Liamine Zeroual, Hocine Aït Ahmed était «un symbole, un grand patriote et l'un des derniers pères de la nation» qui disparaît. La mort mercredi dernier de Hocine Aït Ahmed a suscité de nombreuses réactions de la classe politique, personnalités nationales et internationales, organisations de masse et ONG qui étaient unanimes à lui rendre hommage pour son parcours exemplaire du début de la Révolution jusqu'à sa mort en «exil». Les qualités de l'homme et du militant ont été saluées par toute la classe politique, sans exception aucune. L'ancien président de la République, Liamine Zeroual, l'a qualifié de l'un des derniers pères de la nation et de grand patriote. «L'Algérie vient de perdre aujourd'hui un symbole et un grand patriote. C'est l'un des derniers pères de la nation qui disparaît. Il était symbole d'abnégation, de rigueur, de ténacité et, surtout, de morale. Sa vie s'est toujours confondue avec son pays présent à tous les instants dans son cœur. Puisse-t-il inspirer la jeunesse algérienne ! Et à cette occasion, je présente à sa famille, à ses proches ainsi qu'à tous les militants du FFS mes condoléances les plus sincères», écrit Liamine Zeroual. «Une Algérie républicaine» Un grand hommage à Aït Ahmed est venu d'une autre figure historique, à savoir Rédha Malek, l'un des négociateurs des Accords d'Evian. «Aït Ahmed est une grande figure de la Révolution qui vient de s'éteindre. Tous ceux qui l'ont connu, dont moi-même, doivent reconnaître son attachement à l'idéal de cette Révolution qu'il a incarné avant le déclenchement du 1er Novembre 1954 et qu'il a continué à incarner jusqu'à son dernier souffle. Même en exil, Hocine Aït Ahmed a continué à défendre de façon exemplaire cette idée qu'il avait et qu'il voulait voir s'appliquer et devenir effective. L'idée d'une Algérie républicaine, démocratique et de progrès. Tout cela faisait partie de sa personnalité. On lui a reproché parfois sa trop grande fierté personnelle. En réalité, c'est une fierté qu'il avait pour l'Algérie elle-même», a souligné Rédha Malek. Des témoignages comme celui-ci, il y en a eu beaucoup. Edgar Morin, sociologue et philosophe français, a, de son côté, rendu hommage à cette grande figure politique et historique. «Je salue la mémoire d'Aït Ahmed, cofondateur du CRUA, grande et noble figure algérienne, qui sut demeurer révolutionnaire et démocrate», a-t-il twitté. «Cohérent avec lui-même» Nouredine Boukrouh, ancien ministre, a insisté dans son hommage sur la constance des positions de Hocine Aït Ahmed qui demeure un opposant intraitable, même à sa mort. «Aït Ahmed aura été original même dans sa mort. Opposant intraitable au ‘système' de son vivant, il est parti en lui infligeant un dernier camouflet : être l'unique ‘historique' à refuser d'être enterré au cimetière officiel El Alia pour s'en démarquer jusqu'à la fin des temps. Cohérent avec lui-même, seigneurial et humble à la fois, il a préféré à cet ‘honneur' douteux car souillé par le crime (assassinat de Abane, Krim, Khider, etc.) et l'imposture (faux moudjahidine qui y reposent), le voisinage pur des gens du peuple de Aïn El Hammam. Dors en paix brave homme !», écrit-il sur son mur facebook. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a également rendu hommage à ce grand défenseur des droits humains. «L'Algérie vient de perdre un de ses meilleurs enfants, un homme dont la vie s'est confondue avec l'histoire de son pays », écrit la LADDH de Noureddine Benissad. Le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) se dit «attristé et très peiné par le décès de Hocine Aït Ahmed, figure emblématique du Mouvement national pour l'indépendance de l'Algérie, militant engagé, déterminé et infatigable». L'esprit patriotique «Dda l'Hocine, un homme à principes, de dialogue, de consensus et de paix, un homme qui a marqué l'histoire par son engagement très jeune pour l'indépendance de l'Algérie, un homme qui a consacré sa vie pour la lutte contre l'injustice, pour la liberté et la démocratie, pour le triomphe de la dignité des Algériennes et des Algériens. L'Algérie est orpheline aujourd'hui de l'un de ses monuments», a souligné cette ONG dédiée à la jeunesse. L'Observatoire amazigh des droits de l'homme lui a rendu hommage en insistant sur «sa capacité de s'exprimer avec aisance et éloquence, mais aussi par la pertinence de ses propos et sa ferveur». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qualifie, sur sa page facebook, Aït Ahmed de «grand militant historique». Le président de l'APN a lui aussi loué la qualité de l'homme connu pour «ses positions constantes». Le PST considère que «c'est un pan de notre histoire qui s'en va. (…) Un pan du combat pour les libertés démocratiques, pour une Assemblée constituante, pour l'officialisation de tamazight, pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, pour la séparation entre la religion et l'Etat et contre la dictature et l'oppression». Abderrazak Makri, président du MSP, a souligné le double combat d'Aït Ahmed, d'abord pour l'indépendance, ensuite pour la démocratie et les libertés. Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a souligné qu'Aït Ahmed était un «symbole du Mouvement national depuis qu'il était à la tête de l'Organisation Spéciale (OS)». M. Ouyahia a, dans un message de condoléances, ajouté qu'il était «un leader dans la lutte en faveur de la liberté et de la démocratie en Algérie indépendante», s'illustrant par son «esprit patriotique» en mettant «l'Algérie au-dessus de toute considération». Pour le Front de libération nationale (FLN), Hocine Aït Ahmed comptait parmi les «enfants vaillants» de l'Algérie, car il était un «modèle» à suivre en matière de démocratie, de tolérance et de réconciliation. Dans un message de condoléances adressé à la famille du défunt, le FLN a souligné qu'Aït Ahmed était «convaincu que le patriotisme n'est pas subordonné à des postes de responsabilité, à des positions conjoncturelles ou à des réactions». Amar Saadani a reconnu que le système politique l'a malmené après l'indépendance. Pour le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, il a été «un homme au riche et long parcours qui a adhéré, dès son jeune âge, au Mouvement national pour allumer les premières mèches de la Révolution algérienne». «La noblesse des grands dirigeants» Le secrétaire général de la Ligue arabe a, de son côté, rendu hommage à l'un des artisans de la Révolution algérienne. Le Parti socialiste (PS) français salue, dans un message adressé au FFS, «la mémoire de Hocine Aït Ahmed, ce militant socialiste qui avait été un des principaux dirigeants du FLN et un défenseur acharné du pluralisme démocratique dans son pays». «Emprisonné, évadé, exilé, cet homme à la silhouette élancée et longiligne, toujours serein avait la noblesse des grands dirigeants, patients mais déterminés», écrit Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. De nombreuses autres personnalités ont tenu à rendre hommage à cet homme qui a marqué doublement l'Algérie, durant la période coloniale et après la libération nationale.