C'est par son Hymne à l'amour paru aux éditions Eraja que Abla Souilahedib vient d'enfoncer les solides portes de l'écriture dans une région connue surtout par ses auteurs d'expression arabophone et paradoxalement, par un lectorat plutôt bilingue. Cet Hymne à l'amour est venu donc ouvrir une brèche pour rappeler aux gardiens du temple que l'écriture est un sentiment universel. Un hymne à l'amour. Le recueil d'Abla se lit en fait, comme une autobiographie. A travers ses 82 poèmes, elle a scindé, chronologiquement, son œuvre comme pour mieux démontrer l'obstination de cette fièvre de l'écriture qui l'habitait depuis longtemps déjà, et aussi, pour narrer aux sons des rimes, une vie préludée à Collo. Abla ne vivra en tout que six années dans cette ville, mais elle trainera sa teinte bleue comme une éternelle inspiration. «Tamanart ou le bonheur d'être, si profond si vaste, tu nous surprends» c'est ainsi que Abla exprime son attachement à ses origines. Elle parle de sa ville natale comme on parle d'une mère refuge : «Et comme lorsque j'étais petite-Le soulagement vient avec la vue de la mer / L'entrée de Collo, la presqu'ile». Le recueil d'Abla, mère de quatre enfants, englobe, symboliquement, trois phases clés de sa vie. D'abord, cette période faste de l'adolescence où les écrits entamés à l'âge de 15 ans, dénotent d'une certaine fragilité. Les sujets fétiches d'une âme, souvent tourmentée qui se cherche restent très présents. Puis vient un ensemble de poèmes plein de maturité. Abla exprime ses mirages, sa nuit, sa saga, et déclare même que «l'éternité est une illusion, car moi, seule la ressens». Son dernier chapitre Abla le dédie à sa nostalgie. Ses poèmes sont alors plus politiques, mystiques et religieux. Elle évoque, à travers 16 poèmes, l'Algérie, L'Hégire, Jugurtha, les Aurès, le Sud-Liban… «Cette première œuvre n'est pas le dernière», estime Abla Souilaheddib qui compte éditer, prochainement, un roman autobiographique pour revenir sur ses souvenirs d'enfant. Biochimiste de formation, elle dit vouloir transmettre, avec des mots de femme, tous ses ressentis de fillette en plein période de colonisation ainsi que le combat d'une femme algérienne. Bon vent !