Tout a commencé par hasard. C'était en octobre 2013. Je venais de rentrer de Syrie avec mon ami et coréalisateur du documentaire, Khaled Souleïman El Nassiry. On prenait un café à la gare de Milan ; on parlait en arabe et un jeune Syrien nous a entendu. Il s'est approché de nous et nous a demandé s'il y avait un train pour la Suède. Sa question nous a fait sourire, parce qu'il n'y a pas de train pour la Suède à partir de Milan. On a trouvé ça naïf… Nous avons sympathisé, et il nous a raconté qu'il était l'un des rares survivants d'un naufrage qui avait fait 250 morts en 2013 dans les eaux de Lampedusa. Il y avait perdu ses amis et une partie de sa famille… Il voulait se rendre en Suède, le seul pays d'Europe qui octroie aux Syriens fuyant la guerre un titre de séjour à vie. Mais sa situation de sans-papiers ne lui permettait pas un tel voyage… On a cherché une solution et là, l'idée du mariage est arrivée : on a décidé d'organiser un faux cortège nuptial avec une mariée en robe blanche, un mari en costume et des invités… (…) il faut savoir que notre film a été financé par un «crowdfunding» (levée de fonds communautaire sur internet) : 2600 personnes ont financé le film en faisant des dons. Nous avons collecté plus de 100 000 euros. C‘est le plus grand «crowdfunding» de l'histoire du cinéma italien. Ces 2600 personnes ont donc aussi participé au délit… Il faudra donc juger les trois réalisateurs, l'équipe technique ainsi que ces 2600 personnes (…).