Après une année de craintes et de spéculations sur l'avenir économique du pays dans un contexte de chute des prix du pétrole, l'année 2016 ne s'annonce pas meilleure. La loi de finances 2016 (LF-2016) concoctée par le gouvernement a commencé à faire des mécontents dès le premier jour de l'année avec la découverte par les citoyens des nouveaux tarifs affichés dans les stations d'essence. Même si elle est toujours basée sur un baril de référence de 37 dollars, le budget de 2016 est plus drastique que celui de 2015 avec des recettes, des dépenses et des autorisations de programmes en baisse et un déficit public en hausse (voir graphe). Le gouvernement a avait beau assurer qu'il n'y avait pas de hausse de prix ni d'impôts supplémentaires en 2016, la révision des prix des carburants est là pour prouver le contraire. Les hausses dépassent les 8 da le litre dans certains cas et sont de 5 da pour le gasoil. Ce dernier reste le carburant le plus utilisé en Algérie, avec un véhicule sur trois. Pour les bus et les autocars, il est utilisé par 9 véhicules sur 10, alors que chez les particuliers on le retrouve dans 20% des véhicules de tourisme. Décriée par certains partis politiques pour ses conséquences sur les citoyens et l'économie, la loi a été présentée par le gouvernement comme une aubaine pour les entreprises avec peu d'impact sur les ménages. Pourtant, outre les hausses sur les carburants, la loi prévoit une hausse de la TVA de 7% à 17% sur le tarif de l'électricité et du gaz pour les gros consommateurs et aussi sur les tarifs de la vignette automobile. Les produits informatiques verront également une hausse de prix puisqu'il a été décidé une hausse des droits de douane de 15% sur les produits informatiques importés. Une mesure qui vise aussi, selon le gouvernement, à encourager l'industrie locale de l'assemblage et à attirer les investisseurs étrangers dans ce domaine. Le ministre de l'Industrie, Abdesslam Bouchouareb, a répété à maintes reprises que ce texte constitue un coup de pouce pour l'entreprise algérienne. Plusieurs mesures présentées comme des encouragements à l'investissement sont inscrites dans le texte, parmi lesquelles deux sont considérées comme dangereuses par le Parti des travailleurs (PT), à savoir la privatisation partielle des entreprises publiques et le retour à l'endettement externe pour les entreprises. Là où le gouvernement décrit un encouragement à l'industrie nationale, certains partis y voient un coup de pouce donné aux «oligarques». Le président Abdelaziz Bouteflika qui a, jusqu'à la dernière minute, été interpellé pour ne pas signer la loi, n'a pas tenu compte des protestations. Le chef de l'Etat a mis fin au suspense, mais le débat autour la LF 2016 ne fait que commencer à mesure que ses répercussions se feront graduellement ressentir.