Le militant de la cause des chômeurs et actuel président de la Ligue algérienne pour la défense du droit au travail (LADDT), Belkacem Khencha, est à nouveau convoqué par la justice. Accusé, cette fois, d'«outrage à corps constitué» pour son témoignage, à travers une interview accordée à El Watan Week-end le 11 septembre 2015, sur les conditions d'emprisonnement à Laghouat, il doit comparaître, le 13 janvier, devant le tribunal de la même wilaya pour répondre de cette accusation. Joint par téléphone, Belkacem Khencha affirme qu'il ignorait l'existence de cette énième poursuite qu'il qualifie d'«acharnement de la justice contre (sa) personne» et en a été informé par le biais de ses sept anciens codétenus que la justice a convoqués pour témoigner contre lui dans ce procès où il est le principal accusé. Pour rappel, dans son témoignage, Belkacem Khencha avait dénoncé les mauvaises conditions, en juillet dernier, après sa sortie de prison où il a passé six mois pour avoir organisé un rassemblement de soutien en compagnie de ses sept camarades du même mouvement devant le même tribunal, en solidarité avec un autre chômeur, Mohamed Reg, qui lui encourt une peine d'une année et demie. «Les gardiens s'en prenaient à ceux qui se bagarraient ou réclamaient l'amélioration de leurs conditions de détention. Ils tiennent le prisonnier, la tête en bas, suspendu par les pieds avec une ceinture. Au moment où les uns le coincent des épaules, les autres le frappent sur le plat des pieds pour ne laisser aucune trace. C'était leur façon de punir. J'ai eu des témoignages de gens qui se sont fait menotter pour être giflés par les gardiens à tour de rôle.» Son avocat, Noureddine Ahmine, explique que l'accusation elle-même se contredit avec les textes de la loi. «Je ne comprends pas pourquoi on lui inflige une telle accusation alors que par définition, un corps constitué est soit l'armée, la police ou la gendarmerie, explique-t-il. Khencha n'a aucunement évoqué les trois institutions !»