- Vous avez décroché une bourse pour une formation post-doc du gouvernement espagnole suite à votre succès à un concours international. Quelle était la teneur de ce concours et quel est votre parcours universitaire ? Permettez-moi d'abord de me présenter. Après mon diplôme d'ingénieur à l'ENSA en 2005 à l'âge de 23 ans, j'ai soutenu mon magistère en sciences agronomiques en 2009 et j'ai obtenu un doctorat en sciences agronomiques le 30 septembre 2012 (à l'âge de 30 ans). J'ai fait une soutenance d'habilitation le 13 février 2014, et je suis depuis maître de conférences classe A. Ma production scientifique : 12 publications dans des revues scientifiques de renommée internationale, 12 communications internationales et j'encadre actuellement quatre doctorantes. Dans le but d'améliorer mes connaissances scientifiques et pour mieux servir nos étudiants, mon département, mon école et mon pays en général, j'ai postulé à un concours international pour l'obtention d'une bourse post-doctorale (dans le cadre des aides du gouvernement espagnol Juan de La Cierva pour la formation). J'ai été classé en 9e position parmi 71 candidats espagnols et d'autres nationalités, pour une durée de 24 mois en Espagne (université de Vigo). La sélection s'est faite sur étude du dossier du candidat par son laboratoire d'accueil en Espagne. En ce qui me concerne, j'ai obtenu 95 /100 points. - Sur quel sujet allez-vous travailler ? Ma formation post-doctorale entre dans le cadre de l'écophysiologie des plantes (stress hydrique). Un aspect fondamental pour notre école et notre pays. Pendant cette période de formation, je vais apprendre les méthodes et les techniques de recherche sur la tolérance à la sécheresse des céréales, une problématique sollicitée par moi-même vu son importance agronomique et économique en Algérie. Mon projet de formation post-doctorale vise réellement un transfert de connaissances et de compétences qui répond aux besoins de l'excellence de la formation et de la recherche agronomique. - Votre demande de détachement pour la formation est entravée. Pour quelle raison ? Le comité scientifique de mon département (PV du 29 juin 2015) a statué favorablement sur l'intérêt de cette formation post-doctorale. Malheureusement, toutes les démarches que j'ai entreprises auprès de la direction de l'ENSA, depuis fin juin 2015, pour obtenir que le conseil scientifique de l'école statue, à son tour, sur l'intérêt scientifique de cette formation post-doctorale, sont restées sans résultat. Cela, malgré l'intervention de la direction de la coopération et des échanges interuniversitaires du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui a demandé, le 22 septembre 2015, à la direction de l'ENSA, le procès-verbal du conseil scientifique pour la mise en place de la procédure de détachement sans incidence financière. - Allez-vous bénéficier d'un salaire ou d'un bourse durant votre formation à l'étranger ? Durant ma formation en Espagne, je percevrai une aide pour étude de 1400 euros net dans le cadre du sous-programme de formation nationale (National Sub-Program for Training). - Quel préjudice peut vous apporter une demande de mise en disponibilité telle que la tutelle le requiert ? A ma connaissance, la direction de la coopération de notre ministère a demandé à la direction de l'ENSA de soumettre ma demande au conseil scientifique de l'école, afin qu'il statue sur l'intérêt de la formation en vue d'un détachement sans incidence financière, sachant que je suis bénéficiaire d'une bourse d'études du gouvernement espagnol. En revanche, c'est lors de la réunion de la commission de la formation à l'étranger de l'ENSA, réunie le 19 novembre 2015, que le directeur de l'ENSA est intervenu pour dire que cette question ne pouvait être inscrite à l'ordre du jour parce qu'elle ne relève pas de la position de détachement. Antérieurement à cela, le directeur de l'ENSA m'a également adressé un courrier, en date du 17 septembre 2015, m'informant que ma demande de formation post-doctorale peut être prise en charge, dans le cadre de l'article 148 du statut de la Fonction publique qui prévoit la mise en disponibilité pour convenance personnelle, notamment pour effectuer des études ou des travaux de recherche. A ce jour, je n'ai donc reçu aucun document officiel de ma tutelle m'informant que ma demande de formation post-doctorale s'inscrit dans le cadre d'une disponibilité. Pour éviter les inconvénients et les contraintes de la disponibilité telles que la suspension du salaire, l'arrêt de la progression dans la carrière, etc., l'enseignant-chercheur bénéficie d'un cadre juridique qui lui assure un détachement pour la formation doctorale à l'étranger (décret 14-196 du 6 juillet 2014). Sachant que la formation post-doctorale est dans la continuité du doctorat, ma revendication consiste donc à bénéficier des mesures de ce décret spécifique à la formation à l'étranger. - Comptez-vous retourner à l'ENSA après votre formation ? Quelles actions allez-vous entreprendre pour faire valoir votre droit à une formation à l'étranger ? J'ai réalisé une grande partie de mes études à l'étranger. Je suis rentré pour servir mon pays. Aujourd'hui, mon seul objectif est de parfaire mes compétences et de me perfectionner dans un laboratoire européen de pointe pour maîtriser de nouvelles méthodes de recherche sur la tolérance à la sécheresse des céréales. En tant qu'agronome, mon projet est donc complètement orienté sur un besoin de transfert de méthodes de recherche avancées portant sur l'amélioration de nos ressources phytogénétiques sous stress hydrique. Ma revendication de formation à l'étranger s'inscrit dans le cadre du décret présidentiel 14-196 du 6 juillet 2014, portant sur la formation de l'enseignant chercheur à l'étranger. Elle sera sans incidence financière sur le budget de l'Etat dans la mesure où je percevrai une bourse internationale et elle répond à un besoin stratégique pour la souveraineté alimentaire de l'Algérie. Au-delà de l'indéfectible soutien de mes aînés enseignants-chercheurs, je ne doute pas que mon ministre saura écouter et lire toute la sincérité de mon appel. Issu d'un milieu modeste, je me suis construit grâce à l'université algérienne, à mon tour, tout ce que je souhaite, c'est de servir mon pays par mon savoir.