«Avec cette révision de la Constitution, nous souhaitons que les promoteurs de ce texte puissent donner la preuve de la sincérité de l'affirmation de ces principes. Et la détention du général Benhadid ne doit pas être un point noir», déclare l'avocat. Cent jours après son arrestation, aucun acte d'instruction.» Les avocats du général à la retraite, Hocine Benhadid, dénoncent les lenteurs dans le traitement du dossier de leur client et le prolongement illégal de sa détention préventive ainsi que «la politisation de son affaire». S'exprimant lors d'un point de presse animé hier à Alger, maîtres Khaled Bourayou et Bachir Mecheri contestent, en effet, la qualification de cette affaire et annoncent leur décision de demander, à nouveau, la liberté provisoire de leur client. «Nous comptons déposer, au cours de cette semaine, une demande de liberté provisoire», indique Me Khaled Bourayou. Mais les deux avocats craignent un rejet de cette demande parce que «l'affaire n'est pas traitée dans le fond». Ce retard est, selon eux, «inadmissible», d'autant plus que le général à la retraite est en détention provisoire depuis plus de 3 mois, sans qu'il ait pu avoir la possibilité d'expliquer le contenu de ses déclarations. «Jusqu'à aujourd'hui aucun acte d'instruction n'est pris (…). On s'étonne que le dossier soit toujours en train de dormir dans les tiroirs de la justice», déplore Khaled Bourayou. Pour lui, cette situation est «inadmissible et inédite dans les annales judiciaires». «Elle est inadmissible, compte tenu de la personnalité du prévenu, de son âge, de son parcours et de l'infraction commise, que l'on reste près de 100 jours sans qu'un acte d'instruction ne soit pris puisque c'est une infraction criminelle», lance-t-il. Saisissant l'annonce du contenu de l'avant-projet de loi sur la révision de la Constitution, l'avocat appelle au respect des énoncés de ce texte, notamment ceux relatifs à la liberté d'expression et d'opinion. «Un fait nouveau majeur marque le pays : le projet de révision de la Constitution met l'accent sur les principes de liberté, de justice indépendante, de procès équitables et de dépénalisation des délits de presse qui ne peuvent en aucun cas faire l'objet de sanction privative de liberté. Les promoteurs de ce texte ne peuvent pas, à notre avis, laisser le général Benhadid privé de sa liberté durant trois mois. Dans le cadre de cette révision de la Constitution, nous souhaitons que les promoteurs de ce texte puissent donner la preuve de la sincérité de l'affirmation de ces principes. Et la détention du général Benhadid ne doit pas être un point noir», déclare l'avocat. Les deux juristes qualifient aussi cette affaire de «piège» et de «complot», d'autant plus que le général Benhadid n'a fait qu'exprimer une opinion politique. «Appeler à sauver l'Algérie est-il crime ?» «Le dossier porte sur les déclarations du général Benhadid qui a lancé un appel, dans une interview accordée à une chaîne de radio privée, aux anciens dirigeants pour sauver l'Algérie. Si le fait d'appeler à sauver le pays devient un délit, que peut-on dire ? Cet appel est interprété comme un coup d'Etat contre l'Algérie. C'est un piège», explique pour sa part Me Mecheri. Selon lui, la prolongation de la période de détention préventive du général est en contradiction avec la loi. «Cette détention est exceptionnelle. Elle n'intervient que lorsque les moyens de contrôle sont inexistants. Or le domicile de Hocine Benhadid est connu, il ne peut pas fuir, comme il n'y a pas de témoin à protéger et il n'y a aucun risque sur la vie du prévenu», précise-t-il, en citant les dispositions de l'article 132 et 125-1 du code des procédures pénales. Les deux avocats soutiennent aussi que l'affaire doit être classée dans la case des délits de presse, car le général s'est exprimé sur les ondes d'une chaîne de radio.