Placé sous mandat de dépôt le 1er octobre 2015, le général à la retraite Hocine Benhadid, accusé, même seul, du délit criminel de "participation à une entreprise de déstabilisation de l'armée", attend toujours d'être jugé. Pire, aucun acte d'instruction n'a été, à ce jour, engagé par la justice ! C'est ce qu'ont dénoncé, hier en conférence de presse, ses avocats, Mes Khaled Bourayou et Bachir Mecheri, qui jugent "inadmissible" la situation imposée à leur client qui, en réalité, n'a commis qu'un délit de presse en exprimant ses opinions à travers un média. Les deux avocats comptent déposer une seconde demande de liberté provisoire au courant de la semaine, après le rejet de la première en octobre dernier par la chambre d'accusation de la Cour d'Alger. "Depuis son incarcération, le 1er octobre à ce jour, aucun acte d'instruction n'a été porté à notre connaissance et nous attendons toujours que le général Benhadid soit interrogé sur le fond afin qu'il puisse donner des explications et son interprétation de sa déclaration tenue dans la presse", a dénoncé Me Bourayou. "Il est inadmissible, voire inédit dans les annales judiciaires, qu'on reste plus de trois mois sans interroger ou entendre un prévenu qui a besoin de se justifier, de donner son interprétation, d'expliquer pourquoi il a eu recours à cette interview", a-t-il affirmé, précisant que "si on se réfère à l'infraction criminelle qui constituait d'une entreprise de déstabilisation de l'armée, donc il y a des complices, et on s'étonne que, même après trois mois, le dossier soit en train de dormir". Et de poursuivre, désabusé : "Nous avons demandé l'audition d'un témoin et le juge ne nous a pas répondu et nous n'avons pas jugé utile d'aller à la chambre d'accusation parce que nous ne voudrions pas être ligotés par cette chambre dont nous sommes persuadés qu'elle entérinera la décision de la justice." Pour Me Bourayou, si son client est encore en prison, c'est que l'affaire est tout simplement "politique". "Il y a bel et bien politisation de ce dossier et le fait de le laisser sans cet acte de procédure, c'est qu'en fait, on ne veut pas que cette affaire soit ramenée à nature objective de délit de presse. Me Bourayou a indiqué que le juge avait "refusé d'entendre le directeur de la radio pour éviter de requalifier cette affaire de politique à un délit de presse". Et Me Mecheri de renchérir : "Notre client n'a commis aucune infraction, ce n'est qu'un délit de presse et non pas une affaire criminelle. Et l'article 123 des procédures de code pénal est plus que clair là-dessus : pour un délit de presse, il existe une seule procédure exceptionnelle et qui n'est pas ordonnée, qui reste applicable dans certains cas d'exception, tels que l'instabilité de l'adresse du prévenu ou lorsque ce dernier ne donne pas assez de garanties sur sa mobilité, ou encore pour la protection de l'accusé ou pour mettre fin à un crime." Farid Abdeladim