Le congrès constitutif de Nidaa Tounes a désigné un haut comité politique formé de 30 membres, avec Hafedh Caïd Essebsi comme secrétaire permanent, représentant légal du parti et chargé de la direction exécutive. 27 députés à l'Assemblée ont démissionné du parti en réaction à ces décisions. Les 15 députés de l'Union patriotique libre (UPL) volent au secours du Nidaa pour sauver sa première place à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Le congrès de Sousse a consacré la domination du clan de Hafedh Caïd Essebsi sur Nidaa Tounes. Ce dernier s'est octroyé le poste, créé sur mesure, de secrétaire permanent, chargé de la direction exécutive et représentant légal du parti. Le poste de porte-parole a été accordé à Abdelaziz Kotti, un ex-CPR qui a longtemps couru, en vain, pour un portefeuille ministériel. Khemaïès Ksila a été nommé secrétaire permanent chargé des affaires politiques. Par ailleurs, et après de multiples tentatives, le patron de Nessma TV, Nabil Karoui, a fini par décrocher un poste à la direction politique de Nidaa Tounes. En résumé, tous les membres de ce clan ont été désignés au haut comité politique du parti. C'est une revanche pour eux après avoir perdu aux élections du bureau politique de mars dernier, qui a vu la victoire du clan de Faouzi Loumi et Mohsen Marzouk. «Ils ne gagnent qu'avec les magouilles. Ils se sont même retournés contre les compromis scellés par la commission des 13», s'écrie la députée Bochra Belhaj Hamida, qui a rejoint le congrès de Sousse après avoir longtemps fait partie du groupe des démissionnaires du bloc de Nidaa Tounes. On chuchote dans les coulisses que le clan de Hafedh lui a promis un poste de secrétaire permanent pour la faire venir à Sousse. Suite à sa désignation, le nouvel homme fort de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, a promis de terminer la feuille de route de la commission des 13, avec la tenue d'un congrès électoral les 30 et 31 juillet prochain. Le porte-parole du parti, Abdelaziz Kotti, a affirmé pour sa part que «Nidaa Tounes reste ouvert à toutes les compétences». Scission et secours Pour sa part, le secrétaire permanent chargé de l'étranger, l'homme d'affaires Raouf Khammassi, semble serein quant à l'avenir du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. «Nous allons récupérer 20 députés, en remplacement des 20 démissionnaires», assure-t-il. Khammassi est connu pour son puissant lobbying dans les milieux des médias politiques et médiatiques depuis les temps de Ben Ali et ne renie pas son passé RCD. Suite à ces décisions, 19 députés ont annoncé leur démission de Nidaa Tounes et de son bloc parlementaire, en rejoignant l'initiative de Mohsen Marzouk. Huit autres députés ont annoncé leur démission de Nidaa Tounes, tout en gardant leurs places dans le bloc parlementaire. Cette nouvelle situation relègue le parti de Béji Caïd Essebsi à la 2e place, en tant que bloc parlementaire, avec 67 députés, derrière Ennahdha qui a 69 députés. Dans cette situation, le bloc Nidaa reste également à la merci des caprices de ces huit députés démissionnaires du parti et restant dans son bloc. D'où l'alliance annoncée avec l'Union populaire libre (UPL) de Slim Riahi, qui dispose de 15 députés à l'ARP. Nidaa Tounes et l'ARP feraient incessamment une fusion entre leurs blocs parlementaires pour garder le leadership en termes de blocs parlementaires et servir de soutien au président Béji Caïd Essebsi. Les 19 démissionnaires de Nidaa Tounes vont constituer leur propre bloc parlementaire. «Nous ne sommes pas allés à Sousse parce que nous sentions l'exclusion des modernistes», souligne Mustapha Ben Ahmed, ex-membre du bureau politique dissous. Il ajoute que «Hafedh Caïd Essebsi n'a pas confiance en cette majorité d'opportunistes qui l'a propulsé devant. C'est pourquoi il a créé ce poste de représentant légal du parti afin qu'il garde la main jusqu'au prochain congrès». «C'est un poste créé pour éviter tous les putschs», ironise-t-il. Nidaa Tounes semble s'enfoncer davantage dans la crise.