L'inertie de l'administration et le blocage qu'elle constitue pour l'essor souhaité des exportations, notamment dans la conjoncture économique actuelle, ont été hier au centre des préoccupations exprimées par les représentants des exportateurs réunis au siège de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex). Un rôle négatif de la part de l'administration qui contredit, selon les exportateurs, la volonté affichée — tout au moins dans le discours — par les pouvoirs publics en faveur de l'impulsion des exportations et de la diversification économique. Un constat morose déployé notamment par Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), face au ministre du Commerce, Bakhti Belaïb. Il en ressort notamment le peu de considération accordée aux exportateurs, soumis à d'énormes difficultés pour réaliser leurs exportations et qui font l'objet, au moindre retard de rapatriement du fruit de leurs transactions, d'accusations jugées «intolérables» de «délit de fuite de capitaux», estiment les exportateurs. Ceux-ci considèrent avec amertume qu'ils sont assimilés à de potentiels délinquants, alors qu'eux se présentent comme «des patriotes» qui s'efforcent de trouver des débouchés à l'étranger à des produits algériens. En répondant à ses interlocuteurs, le ministre du Commerce a affirmé avoir pris acte des problèmes posés et annoncé, dans la foulée, la mise en place, dès cette semaine, d'une «cellule chargée de trouver des solutions concrètes, au cas par cas, aux problèmes évoqués par les exportateurs». Lors de son intervention, Ali Bey Naceri a notamment rappelé que depuis la tenue de la Conférence nationale sur le commerce extérieur, en mars 2015, «peu de choses ont changé». Il a évoqué les principales revendications des exportateurs qui exigent notamment que soit dépénalisé l'acte d'exporter, de prolonger le délai de rapatriement à 300 jours, de réduire les délais de récupération de la TVA auprès des services des impôts, de prévoir des ports spécialisés à l'exportation (ports secs) ainsi qu'un espace dédié au sein de l'aéroport d'Alger, d'autoriser des opérations de triangulation à l'exportation, y compris celles intégrant un matériel importé et réexporté en l'état pour compléter des produits manufacturés en Algérie. D'autres préoccupations ont aussi été évoquées, dont celles de lever la confusion figurant dans le règlement de la Banque d'Algérie entre l'investissement à l'étranger et le bureau de représentation de l'entreprise, accorder un traitement particulier aux entreprises totalement exportatrices, l'incitation des banques commerciales algériennes à créer des filiales dans les marchés porteurs, afin d'accompagner les entreprises exportatrices, d'aider la compagnie Air Algérie à ouvrir de nouvelles lignes vers les pays où il existe de réelles opportunités de placement de produits algériens, de réviser les statuts du Conseil national de promotion des exportations et de créer des zones franches pour l'exportation, notamment en Afrique.