Les experts qui sont intervenus, hier, à la conférence nationale sur le commerce extérieur, s'accordent à souligner que beaucoup d'efforts restent à faire, notamment en matière de législation et de réglementation administrative et d'amélioration de l'environnement dans lequel exercent les exportateurs algériens. Ils sont nombreux à souligner l'impératif de promouvoir en premier lieu la production nationale, de la diversifier et d'en améliorer la qualité pour pouvoir la placer sur les marchés internationaux. En outre, les potentialités devraient être capitalisées et orientées vers des marchés moins concurrentiels et exigeants comme ceux de l'Afrique et des pays arabes. « Les efforts doivent être concentrés autour de l'entreprise créatrice de richesse », a résumé le président du Conseil national économique et social (Cnes), Mohamed Seghir Babès. Et pour que l'entreprise s'implique davantage dans cette perspective de renforcement du commerce extérieur, elle doit, selon lui, se mettre à niveau pour renforcer sa compétitivité. Les pouvoirs publics sont appelés à leur faciliter l'accès aux programmes d'appui à l'exportation. Le président de l'association des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri a fait observer que pour relancer cette activité, de nombreuses contraintes doivent être levées. Il a dans ce contexte prôné la dépénalisation de l'acte d'exportation. « L'exportateur est ligoté. Il risque des sanctions pénales si le délai de rapatriement des fonds est dépassé », a-t-il rappelé. De la dépénalisation de l'acte d'exportation Abondant dans le même sens, le directeur de la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (Cagex), Djilali Tarikat a demandé la révision du règlement de la Banque d'Algérie inhérent à cet aspect de rapatriement de la devise. Selon lui, il est primordial d'accompagner les exportateurs pour atteindre l'objectif qui est de donner de l'essor à cette activité. Une perspective défendue également par Abderahmane Benkhalfa, expert en finances : « Il devrait y avoir une flexibilité en matière de rapatriement des devises », a-t-il estimé, observant qu'il faut développer de nouveaux produits financiers dédiés à l'exportation. Il a cité, ntre autres, les crédits de prospection lesquels faciliteront l'implantation commerciale à l'étranger et les crédits fournisseurs qui permettront de renforcer la production et la création de la compétitivité. Selon Benkhalfa, il est important de créer l'interface entre les banques et les institutions chargées de l'exportation telle la Cagex. Les exportateurs sont également confrontés à d'autres contraintes et obstacles que les experts et les chefs d'entreprise ont appelé à lever. Selon le président de l'association des producteurs algériens de boissons, Ali Hamani, il est plus facile d'importer en Algérie que de produire, « alors que dire de l'exportation ! ». Il a déploré le manque de logistique ainsi que d'outils favorisant la promotion du commerce extérieur. Il a recommandé plus d'efforts pour la création des zones au niveau des ports réservées aux entreprises exportatrices, l'amélioration de la qualité des services en matière de fret et de transport maritime et la multiplication des espaces et des aires de stockage et d'emmagasinement sécurisés. Issad Rebrab, président du groupe Cevital, un des grands exportateurs algériens, a témoigné que l'acte d'exportation est loin d'être une sinécure. A titre d'exemple, il a fait savoir que son entreprise « peut exporter plus de un million de tonnes de sucre blanc par an mais elle n'en exporte que 500.000 tonnes parce que le port de Bejaïa est saturé ».« La rade nous cause des surcoûts de fret et des surestaries », a-t-il souligné, ajoutant qu'un produit peut être compétitif au niveau d'une entreprise mais pas au niveau d'un pays pour des problèmes portuaires. Rebrab a également souligné l'importance de doter les exportateurs d'un passeport diplomatique et de leur donner la priorité à l'accès au foncier.