Vingt-trois membres du Congrès américain parmi lesquels les sénateurs Edward Kennedy, Patrick Leahy, James Inhofe, Russ Feingold et Jim De Mint ont adressé vendredi une lettre à la secrétaire d'Etat de leur pays en vue d'attirer son attention sur la situation au Sahara-Occidental. Le message d'une quinzaine de lignes, mais d'une extrême précision quant à son contenu, se veut l'expression d'une situation, mais aussi celle d'une préoccupation vis- à-vis en particulier de l'état des droits de l'homme dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975. Ce n'est pas le premier message du genre, puisque le Congrès US a été jusqu'à adopter une résolution soutenant le plan de paix des Nations unies stipulant notamment le libre exercice par le peuple du Sahara-Occidental de son droit à l'autodétermination. Cela s'est passé en 1998, et ces mêmes congressmen avaient, par-là même, apporté leur soutien à James Baker alors envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU en charge du dossier du Sahara-Occidental. C'est cette position qui vient d'être réaffirmée avec, cette fois, le témoignage dans l'enceinte du Congress de la militante sahraouie des droits de l'homme. Mme Aminatou Haidar, y lit-on, a décrit la situation faite au peuple sahraoui devant les parlementaires, des représentants d'organisations de défense des droits de l'homme. Il s'agit notamment des mauvais traitements que les forces d'occupation lui font subir ainsi qu'à tous ceux qui manifestent pacifiquement en faveur d'un référendum d'autodétermination. Les auteurs de la lettre déclarent aussi avoir été informés des efforts visant à étendre aux droits de l'homme le mandat de l'ONU, avec cette précision que la France s'y oppose. Rappelons que les autorités sahraouies avaient interpellé en ce sens les organisations internationales, et il était même question au début de cette année que l'ONU désigne un représentant. En ce sens, les parlementaires US demandent à Mme Condoleezza Rice de se pencher sur une telle obstruction, tout comme ils lui demandent de faire pression sur le gouvernement marocain pour l'amener à respecter les droits du peuple sahraoui à la libre expression et d'association, et de mettre fin à l'usage excessif de la force par les forces marocaines de sécurité, ainsi que les détentions arbitraires de personnes comme Mme Haidar. La conclusion de cette lettre est en soi une véritable sentence. Aussi affirment ses auteurs, la question du Sahara-Occidental ne connaîtra aucun règlement aussi longtemps que le peuple sahraoui ne pourra choisir son avenir à travers un référendum, librement, démocratiquement et pacifiquement. Mais il soulignent que les Etats-Unis doivent, entre-temps, déployer tous leurs efforts afin d'amener le Maroc, grand bénéficiaire de l'aide économique et militaire américaine, à respecter les droits de l'homme. Le message est clair. Alors que l'ONU s'apprête à réaffirmer le caractère colonial de la question du Sahara-Occidental, et que le Conseil de sécurité doit y revenir à la fin de ce mois d'octobre, quelle suite sera donnée à ce message ?