Les poursuites judiciaires à l'encontre des activistes pour des commentaires ou des photos partagés sur facebook n'en finissent pas à El Oued. Après le caricaturiste Tahar Djehiche, dont l'affaire est actuellement au niveau de la Cour suprême, et Rachid Aouine, militant chômeur, qui a purgé sa peine de quatre mois de prison ferme l'année dernière, cette fois-ci, c'est le tour d'Okacha Mahda, 29 ans, gérant d'un cybercafé du centre-ville d'El Oued de faire les frais. Activiste dans une association locale qui lutte contre la corruption, il est accusé de diffusion d'«informations» et de «photos outrageantes à corps constitués». Joint par téléphone, il raconte qu'il a été interpellé au cybercafé où il travaille, le 25 novembre dernier, et placé en garde à vue pendant quatre jours. Libéré et entendu par le procureur de la République, son premier procès programmé le 21 décembre a été reporté deux fois de suite. La date de son procès arrêtée jusque-là est le 18 janvier. «C'est une intimidation parmi d'autres», s'indigne l'activiste. Par ailleurs, le procès intenté contre le président de la Ligue algérienne pour la défense du droit au travail (LADDT), Belkacem Khencha, prévu mercredi dernier, a été reporté au 27 janvier. Le militant de la cause des chômeurs est accusé d'«outrage à corps constitué», pour son témoignage accordé à El Watan Week-end dans une interview publiée le 11 septembre 2015 sur les conditions d'emprisonnement à Laghouat. Quant à l'affaire de Hassan Bouras, détenu depuis plus de trois mois à El Bayadh, l'un de ses avocats, Me Noureddine Ahmine, affirme qu'elle peut connaître une évolution prochainement. «La deuxième expertise exigée par la justice, sur des documents trouvés en son ordinateur personnel, ne tardera pas à donner ses conclusions», assure-t-il. Selon le même avocat, la prochaine étape sera déterminante, car c'est sur la base de ces conclusions que le juge d'instruction statuera sur la nature des accusations. Hassan Bouras, accusé d'«outrage à corps constitué» et d'«incitation des citoyens à s'armer contre l'autorité de l'Etat» peut se voir jugé en correctionnel comme il risque le criminel.