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Vers un baril à 20 dollars ?
Le retour imminent de l'Iran fait chuter les cours
Publié dans El Watan le 16 - 01 - 2016

Les cours du pétrole s'enfonçaient dans le rouge, hier, évoluant désormais sous le seuil des 30 dollars le baril. Le retour imminent du pétrole iranien sur le marché ravive les inquiétudes quant à une offre déjà surabondante.
Hier, l'Union européenne (UE) a pris ses dispositions pour être en mesure de lever ses sanctions contre l'Iran dès que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) aura donné son feu vert, conformément à l'accord signé en juillet.
Les Etats-Unis et l'ONU doivent également lever leurs sanctions immédiatement après le feu vert de l'AIEA. L'accord en question, qui garantit le caractère civil du nucléaire iranien, met fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique de l'Iran, dont l'économie a été lourdement pénalisée par les sanctions occidentales.
Mais il pourrait, néanmoins, mettre à rude épreuve les marchés pétroliers, dont les cours et les investissements sont très affectés par les excédents de l'offre. Une chose est sûre : la levée des sanctions occidentales qui pèsent sur l'économie iranienne renforce les inquiétudes sur les marchés pétroliers.
Les excédents de l'offre pourraient grimper davantage à l'arrivée des barils iraniens, ce qui contribuerait à une rechute des prix qui s'affaissaient hier dangereusement sous les 30 dollars le baril.
Les cours ne devraient remonter la cote de sitôt, tant les fondamentaux persistent sur une tendance inchangée. Un peu partout chez des membres de l'OPEP et les producteurs non OPEP, l'on se montre désormais très inquiets sur l'avenir des prix. Quatorze mois après l'offensive des Saoudiens contre les producteurs de schiste américains, le bilan de cette stratégie, dite de défense des parts du marché, est pour le moins très critique.
Des économies parmi les membres de l'OPEP se sont effondrées, d'autres ont clairement ralenti. Le coût de la stratégie saoudienne au sein de l'OPEP se révèle décidément insoutenable pour bien des membres. Après avoir légèrement rebondi jeudi sous l'effet d'un rééquilibrage technique, les cours du brent et du light sweet crude (WTI) ont rapidement retrouvé leurs vieux démons hier, plongeant à moins de 30 dollars le baril, leur plus bas niveau en 12 ans.
Les producteurs au bord de l'asphyxie
Le pétrole de référence européenne et son homologue new-yorkais ont connu la pire semaine de repli depuis juin 2011, alors que les cours n'ont pas connu de tels niveaux depuis février 2004 pour le brent et novembre 2003 pour le pétrole de référence américaine, le light sweet crude (WTI). Autrement dit, les prix retrouvent leurs niveaux d'avant-l'ascension qui a marqué la précédente décennie.
L'effet principal de cette dégringolade amorcée depuis juin 2014 s'est évidemment fait ressentir sur les économies des pays exportateurs de pétrole. Alors que les monarchies du Golfe et l'Algérie se sont mises depuis peu au régime d'austérité, la Russie de Vladimir Poutine s'est alarmée hier de voir les cours chuter à de pareils niveaux. Le rouble et la Bourse de Moscou plongeaient hier dans le sillage des prix du pétrole, dont la chute assombrit les perspectives économiques de la Russie et pose des risques sérieux pour le budget, selon le Premier ministre, Dmitri Medvedev.
Tous les pays exportateurs de pétrole devraient faire face à des déficits record. Mécaniquement, ces pays vont mettre à rude épreuve leurs amortisseurs financiers et brûleraient leurs réserves de change plus vite que prévu, au fur et à mesure que les cours se logent encore dans les paliers inférieurs de la pyramide.
Les analystes n'hésitent plus à évoquer une perspective d'un baril à 20 dollars. La question qui taraude tous les esprits est celle de savoir avec quelle rapidité l'Iran peut augmenter sa production.
Ce qui est certain pour bon nombre d'observateurs, c'est que l'excédent de pétrole stocké en Iran recherchera un débouché dès la levée des sanctions.
Une donne qui aidera à coup sûr, du moins à court terme, à accroître la fébrilité du marché. Hier vers 15h (heure algérienne), le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 29,71 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,18 dollar par rapport à la clôture de jeudi. A la même heure, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de WTI pour livraison en février perdait 1,48 dollar à 29,72 dollars.
Face à ces planchers, la clé de la résistance réside dans les capacités de chacun des pays exportateurs à faire valoir ses amortisseurs financiers et les produits de substitution aux recettes pétrolières.


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