Ce mois de janvier semble convoquer les «janviéristes» à la barre des procès médiatiques. Il est des pages de l'histoire de l'Algérie dont la seule évocation ouvre des plaies et convoque une mémoire tourmentée et troublée. Ce mois de janvier semble convoquer les «Janvieristes» à la barre des procès médiatiques. Des procès qui n'auront sans doute pas de suite judiciaire mais occuperont pour un temps les esprits et l'attention des Algériens trop inquiets de la crise économique annoncée pour l'année 2016. Toutefois, et au-delà de cette diversion médiatique aux relents de guerre des clans, il est utile de voir en ces déballages et autres expositions au grand jour les responsabilités des uns et des autres dans la mort de plus de 200 000 Algériens. «Tout le monde se décharge de toute responsabilité dans ce qui s'est passé, chacun veut se dédouaner en accusant l'autre… Comme si l'Algérie était, à l'époque, dirigée par des diables et des démons qui ont arrêté le processus électoral. Tout le monde veut se dédouaner, à commencer par Nezzar, Betchine et la direction du FIS», commente le politologue Zoubir Arrous sur un ton ironique et sans vouloir donner plus de poids à cette polémique qui tend non pas à rétablir des vérités mais à en cacher. Un déballage, qui prouve que le texte de la charte portant paix et réconciliation nationale, consignée même dans le préambule de la «nouvelle» version de la Constitution, est un échec. Ce texte, qui n'a pas déterminé les responsabilités des uns et des autres dans le drame de la décennie noire, et qui n'est point l'émanation d'un travail de rétablissement de la vérité ni de justice, condamnera l'Algérie à être hantée par les démons de ces années-là. «On veut encore une fois pousser les Algériens à être otages de leur passé et ne pas regarder l'avenir…Le système aujourd'hui et à travers les sorties médiatiques de ses propres symboles donne l'image d'être un système incapable de gérer ses propres problèmes internes et que les problèmes des Algériens ne figurent même pas sur son agenda», estime Redouane Boudjemaâ, spécialiste des questions médiatiques et de communication. Ce dernier décèle, dans ces «déballages» de généraux et militaires à la retraite, la traduction d'«un malaise structurel profond dans le système». «On est en face d'un régime en crise et les responsables qui ont décidé de l'arrêt du processus électoral en janvier 1992 se sentent plus que jamais acculés… Nous vivons les conséquences d'une gestion tout sauf politique de la crise de 1992», note notre interlocuteur en soulignant que les guerres de clans se traduisaient avant en actionnant leurs relais parmi la presse, les associations ou les formations politiques interposées. Aujourd'hui, dit-il, cette guerre devient directe. «La chose nouvelle c'est que les clans se mettent à nu et en scène pour se faire la guerre de manière frontale», car ils ont épuisé tous les moyens d'attaquer à partir des coulisses. Redouane Boudjemaâ estime que l'enjeu principal de ces polémiques, même si dans un aspect, elles servent de diversion, est une guerre annoncée pour la succession à la tête du pouvoir. «Il s'agit de la succession à la tête des trois centres de décision du système, à savoir la Présidence, l'état-major et le DRS.»