Après l'attentat perpétré, mercredi, contre une université dans le nord-ouest du Pakistan, une nouvelle attaque à la bombe a été désamorcée par les forces de sécurité, provoquant l'émoi dans le pays un an après un massacre dans une école de la même région. Une bombe a été désamorcée, hier matin, dans une gare routière bondée de la ville voisine de Peshawar, au Pakistan, évitant, selon un officier de police, «un grand désastre». Cette tentative terroriste a provoqué une nouvelle onde d'inquiétude dans le pays. En effet, cet incident intervient au lendemain de l'attaque terroriste perpétrée par une faction talibane qui a visé une université du nord-ouest du Pakistan et qui a causé la mort de 21 personnes. Mercredi, quatre jeunes hommes, dont deux adolescents, armés de fusils d'assaut et de grenades, profitant d'un épais brouillard, ont escaladé un mur d'enceinte et lancé leur attaque contre le campus. Des témoins ont fait état de tirs et de deux fortes explosions, tandis que des dizaines d'étudiants paniqués fuyaient en courant le lieu de l'attaque, selon des images diffusées par les télévisions locales. Alertées, les forces de l'ordre ont bouclé la zone, où ont été déployées les forces spéciales, l'armée et la police, avec blindés, ambulances et hélicoptères. Les assaillants ont finalement été maîtrisés puis tués. Le porte-parole de l'armée a indiqué que deux téléphones portables retrouvés avaient déjà permis d'obtenir des renseignements sur les assaillants. Par ailleurs, la police a indiqué avoir arrêté une cinquantaine de personnes lors d'opérations de recherche dans les alentours de l'université Bacha Khan, à Charsadda. Une faction talibane pakistanaise du Tehreek-e-Taliban Pakistani (TTP) a revendiqué l'assaut, avant d'être désavouée par la principale composante du mouvement. En effet, Umar Mansoor, un de ses membres a déclaré : «Nos quatre kamikazes ont mené l'attaque contre l'université de Bacha Khan aujourd'hui. Cette attaque a été lancée en représailles à l'opération Zarb e Azb», vaste offensive antiterroriste actuellement menée par l'armée dans les zones tribales du nord-ouest frontalières de l'Afghanistan, a-t-il indiqué. Funérailles Cependant, ce dernier a rapidement été contredit par un autre porte-parole du TTP. Sur son compte twitter, Muhammad Khurasani a écrit : «Le TTP condamne fortement l'attaque aujourd'hui et se dissocie totalement de cette attaque non islamique.» Suite à ces attaques, le site du campus ciblé mercredi reste sous étroite surveillance, avec notamment des policiers déployés sur les toits des bâtiments. Le pays a tenu à rendre hommage aux victimes de l'attentat terroriste. En effet, un millier de personnes ont assisté, hier matin, dans un village à proximité, aux funérailles d'un gardien de l'université tué durant l'attaque. Son père, Shah Hussain, a d'ailleurs déclaré : «Je veux dire aux terroristes qu'ils ne pourront jamais gagner. Ils vont perdre, nous allons gagner, nous les partisans de la paix.» Pour la majorité des autres victimes, elles avaient été enterrées dès mercredi. Loin de se démonter face à la menace terroriste, les autorités de la province de Khyber Pakhtunkhwa, où se trouve Charsadda, ont maintenu les écoles ouvertes, hier, à l'exception de Bacha Khan et d'une autre université à Mardan. A cet effet, le ministre régional de l'Enseignement, Arif Khan, a déclaré : «Les insurgés veulent qu'elles soient fermées. Nous avons voulu envoyer le message que l'enseignement va continuer.» Une vague de soutien a par ailleurs envahi le pays. En effet, l'attentat a été condamné par le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, par son homologue indien Narendra Modi, ainsi que par le responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et l'ambassadeur américain au Pakistan, David Hale. Faiblesses De son côté, le département d'Etat américain a relevé dans un communiqué qu'en s'en prenant à des étudiants, les terroristes prenaient une nouvelle fois pour cible «les générations d'avenir du Pakistan». De leur côté, des étudiants pachtounes, l'ethnie majoritaire dans le Khyber Pakhtunkhwa, ont manifesté à Islamabad où une commémoration était prévue. Quelque 200 sportifs et responsables de la Fédération pakistanaise du sport se sont aussi rassemblés dans un stade d'Islamabad hier matin. «Nous sommes déterminés à ce que la jeune génération du Pakistan ne s'incline pas devant les terroristes», a déclaré le directeur du PSB, Akhtar Nawaz. Il est à noter que les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics dans tout le pays. Cette nouvelle attaque contre un établissement d'enseignement intervient un an après l'annonce, par le gouvernement, de la mobilisation nationale contre le terrorisme. Cependant, pour Talat Masood, spécialiste des questions de défense «le Pakistan doit aller bien plus loin. Il y a des faiblesses dans le Plan d'action national, qui n'a pas été mis en application de façon satisfaisante». De son côté, Saad Khan, expert basé à Peshawar et ancien officier, estime : «En attaquant l'université mercredi, les talibans veulent montrer qu'en dépit de ces reculs, ils peuvent s'en prendre à n'importe quelle cible. Tuer des jeunes gens déclenche un grand chagrin (...) et un ressentiment contre le gouvernement, celui-là même qui affirme avoir eu la peau des terroristes», a-t-il expliqué.