Le professionnalisme a-t-il un avenir en Algérie ? Certainement pas. Les clubs se débattent dans des problèmes financiers sans fin depuis l'instauration du professionnalisme, durant la saison 2010-2011. Et cela ne risque pas de s'améliorer avec la situation induite par la crise économique qui sévit depuis la chute des cours du pétrole. Ces derniers mois, des clubs ont été confrontés à la grogne des joueurs qui n'ont pas perçu leur salaire. Cette situation aura inévitablement des conséquences sur l'intégrité de la compétition que la Ligue de football professionnel (LFP) a le devoir de protéger. Si des joueurs décident d'aller au bout de leurs légitimes revendications, des forfaits seront enregistrés, des équipes se présenteront amoindries de leurs forces vives et cela faussera les résultats des matchs et, par conséquent, cela déteindra sur le classement avec tous les désagréments qui vont avec. A priori, les instances chargées de la gestion du football professionnel s'accommodent de la situation, laissent les sociétés sportives par actions (SSPA) s'endetter, creuser leur déficit, foncer vers la faillite et par là même fausser toute la compétition. Dans un vrai football professionnel, nul club ne peut prendre part à une compétition s'il n'a pas, préalablement, rempli et signé le cahier de charges élaboré à cet effet. Combien sont-ils les clubs pros à l'avoir fait ? «Aucun !» répond un ancien dirigeant retiré sous sa tente. Quels sont les clubs qui se sont conformés à l'article 5 du cahier des charges qui précise, dans son alinéa 10, «de déclarer ses joueurs auprès de l'administration fiscale et des organismes d'assurance sociale et de retraite et de leur transmettre les déclarations des salaires» ? Et l'article 14, alinéa 1 — «Le club sportif professionnel est tenu d'avoir des ressources financières suffisantes et compatibles avec les exigences de la compétition et en rapport avec ses activités» — signifie que tout club qui ne présente pas les garanties financières qui lui permettront d'accomplir la saison correctement, sans risque de fausser l'intégrité de la compétition, ne doit pas être autorisé à prendre part au championnat. Aujourd'hui, des clubs font face à la menace de grève de la part de leurs joueurs pour non-paiement de salaire. DCGF, la planche de salut Pour avoir laissé des clubs s'engager sans présenter la moindre garantie financière de tenir toute la saison, la LNF porte une lourde responsabilité dans tout ce qui pourrait arriver et fausser la compétition. Les réponses à ce type de situations sont contenues dans les textes de la Direction de contrôle et de gestion financière (DCGF) qui a activé une année, procédé à l'analyse de la situation financière de tous les clubs pros, s'est réunie avec les responsables des clubs et les commissaires aux comptes, avant d'être stoppée dans son élan au bout de quelques mois de travail. Dans son chapitre 1 (infractions relatives à la tenue de la comptabilité), la DCGF préconise «le retrait de 1 à 4 points, une amende de 300 000 à 1 000 000 DA, la non-homologation de nouveaux contrats durant une ou plusieurs saisons». Jusqu'à présent, la LFP s'est abstenue de réagir vigoureusement contre les clubs pros qui n'observent aucune règle en matière de respect du versement des salaires. Les textes de la DCGF, si cette dernière avait vu le jour, auraient atténué la fracture qui ne cessera de s'élargir jusqu'au jour où le professionnalisme sera définitivement bloqué. Le chapitre 3 (non-production des documents) aurait entraîné «l'interdiction d'engagement pour la saison suivante ou avis défavorable à la licence de club professionnel». A l'étranger, lorsqu'un club est dans l'incapacité de remplir ses engagements et met en danger l'intégrité de la compétition, il est tout de suite exclu du circuit professionnel, avec retrait de la licence pro et relégation en division inférieure amateur. Ce cas de figure s'est produit il y trois saisons lorsque le CR Aïn Témouchent qui évoluait en Ligue 2, faute de ressources financières suffisantes, avait déclaré forfait à deux reprises et a terminé la saison sans plusieurs joueurs professionnels. La LFP n'a pas pris la mesure de ce danger et a fermé les yeux sur cette affaire. Avec la grave crise financière qui fragilise les clubs pros, la LFP n'a pas d'autre solution que de prendre ses responsabilités. Elle est la garante de l'intégrité de la compétition.