Alors que les députés ouvriront le 5 février prochain le débat au sujet de la réforme constitutionnelle, le président François Hollande a achevé, hier, ses consultations politiques. Le principal enjeu polémique de la révision ne porte pas sur la constitutionnalisation de l'état d'urgence qui sera vraisemblablement prorogé le mois prochain, mais sur la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français, condamnés pour terrorisme. Une proposition qui ne fait pas l'unanimité dans les partis qui siègent à l'Assemblée nationale et au Sénat, dont les présidents ont été reçus par François Hollande, de même que les responsables de partis politiques, dont l'ancien président Sarkozy. François Hollande compte les soutiens, car il ne peut pas se permettre d'être déjugé par les deux Assemblées. Il veut s'assurer une majorité pour ce texte qui, pour l'heure, n'en a pas. A droite, une partie des élus attachés aux valeurs républicaines rechignent à voter pour. Dans Le Figaro d'hier, vingt députés et sénateurs Les Républicains s'y opposent clairement, estimant que le projet est «inutile et dangereux». Ces derniers jours, d'autres personnalités de leur camp — comme Jean-François Copé — plus favorables sont montés au créneau pour persuader leurs collègues, dont le président Nicolas Sarkozy. A gauche, l'hostilité est forte. L'opposition entre le Parti socialiste au pouvoir et les autres formations politiques se fait rude, ce qui laisse entendre que si la nouvelle mouture de la Constitution était votée, elle le serait avant tout par la droite qui se porterait au secours du Président socialiste, dans un élan dont les analystes commenteront la portée historique. En effet, il serait difficile de rassembler, au niveau des deux Chambres, les trois cinquièmes des parlementaires nécessaires (555 voix) pour l'acceptation du projet. François Hollande pense se reposer sur une majorité de 414 parlementaires de la droite (LR et UDI) ; il devra convaincre plus de la moitié des 397 socialistes, sachant que le Front de gauche et les écologistes refusent la nouvelle loi. Les arguments qui vont à l'encontre de l'initiative présidentielle, soutenue par le Premier ministre Manuel Valls, reposent essentiellement sur la violation d'un principe d'égalité entre citoyens avec la création de deux types de nationaux. L'un des responsables du PS, Christian Paul, ajoute que cela n'aura «aucun effet, aucune efficacité dans la lutte contre le terrorisme». A un moment, l'idée a germé d'une déchéance pour tous les citoyens condamnés pour terrorisme. On a aussi remis à l'ordre du jour la peine d'«indignité nationale» et certains ont avancé la «déchéance de la citoyenneté». Tout cela paraît surréaliste aux yeux de beaucoup d'observateurs, dont les chroniques inondent la presse écrite et le Web, alors que les thèmes de préoccupation pour les Français restent la situation économique et le chômage.