Le débat agite la classe politique depuis plusieurs jours. Les Français, eux, ont tranché. Selon un sondage publié mardi soir,9 Français sur 10 sont favorables à la déchéance de la nationalité pour les binationaux reconnus coupables de terrorisme. Selon cette enquête «Elabe» pour BFMTV, 86% des Français interrogés se déclarent «tout à fait» ou «plutôt» favorables à cette mesure du projet de réforme constitutionnelle, un chiffre qui atteint 96% chez les sympathisants des Républicains (LR) et 97% chez ceux du Front national. Les sympathisants de la droite et du centre sont en moyenne 93% à soutenir le projet de l'Exécutif, contre 73% à gauche. Ce chiffre masque cependant d'importantes disparités : les sympathisants socialistes sont ainsi 83% à le défendre, contre 59% seulement des soutiens du Front de gauche et d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), selon l'étude. La décision d'inclure dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux, y compris ceux nés en France, fait grincer des dents à gauche. Certains dénoncent une mesure contraire aux valeurs de gauche. Manuel Valls défend l'idée, expliquant qu'il ne s'agit pas d'une idée d'extrême droite, ni d'une remise en cause du droit du sol. D'après lui, l'objectif est avant tout symbolique et cette mesure, si elle voit le jour, ne s'appliquera «heureusement» qu'à un petit nombre de personnes. De l'autre côté, des militants du Parti socialiste ont saisi la Haute autorité éthique du parti. Une instance présidée par l'avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, qui devra dire si «la déclaration de Manuel Valls et l'action de ce gouvernement sont en contradiction avec les valeurs telles que définies par les textes du parti». Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains), elle, qui craint que la France se divise, demande à François Hollande de «réviser» sa position sur la déchéance de nationalité pour les binationaux, en lui préférant «la peine d'indignité nationale», qui peut «s'appliquer à tous» et «sera créatrice d'unité». Le projet de réforme constitutionnelle, adopté par le Conseil des ministres le 23 décembre, sera examiné à l'Assemblée à partir du 3 février. Pour être validée, la réforme constitutionnelle voulue par l'Exécutif devra être approuvée par référendum ou par trois cinquièmes des parlementaires.