Ce fait est vécu dans la commune des Eucalyptus : « Au lycée Messaouda Djida, des jeunes, souvent des anciens élèves exclus, ne se contentent plus de provoquer les lycéennes dans la rue. Ils pénètrent, avec armes blanches, dans les classes. » Les propos sont de Bougara Abdelkrim, premier vice-président de l'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger (Upewa). Les établissements de la commune ont déjà cette réputation d'être l'arrière-boutique du secteur de l'éducation dans la capitale. Les choses sont allées un peu plus loin. « Quand on veut sanctionner un enseignant, on l'envoie aux Eucalyptus. Le directeur qui veut être titularisé, doit passer par nos écoles. Sur quatre enseignants, vous avez un titulaire, un stagiaire, un remplaçant et un contractuel », avance M. Bougara. Pour la coordination, les carences ne se comptent plus. Les Eucalyptus, avec ses 140 000 habitants environs, comptent 47 établissements. Ces infrastructures sont-elles suffisantes ? « Vous n'avez qu'à faire la comparaison avec la commune d'Alger-Centre, dotée de 22 établissements pour une population de 20 000 habitants », déclare M. Bougara. « Le lycée des 621 Logements, ajoute-t-il, compte 9 classes de terminale avec 51 élèves chacune. » L'insécurité dans les établissements, insiste-t-on, est à son comble. « Plusieurs écoles n'ont pas d'agents de sécurité. Celles qui en ont sont parfois surveillées par des personnes handicapées », explique-t-on. L'absence de sécurité est aussi dans la rue, note M. Soussi, 1er vice-président de la coordination. « La RN 8, en cours de réalisation, pose une véritable menace. Les écoliers résidents au quartier Slimani sont obligés de la traverser pour rejoindre leurs écoles. Il n'y a ni passage protégé ni passerelle. Trois accidents mortels y ont été déjà enregistrés », relève-t-il. Selon M. Bougara, six écoles sur 47 établissements sont dotées de chauffage. Les autres, selon la coordination, présentent deux cas : soit l'installation n'existe pas, soit elle existe, mais ne fonctionne pas. « A l'école Assameur Mohamed, il manque à l'installation une rallonge de tuyau de 2 m. Au CEM des 621 Logements, c'est un petit raccord qui fait défaut... » En 2005, assure-t-on, une enveloppe de10,5 millions de dinars a été pourtant dégagée pour l'installation de cette commodité dans toutes les écoles. « Le P/Apc avait déclaré que les travaux seront achevés avant janvier 2006 », avance-t-on. Les écoliers habitant les houach, à 4 km de leur école, ne connaissent pas encore le transport scolaire. Selon M. Bougara, l'Apc a bénéficié, dans ce cadre, de trois bus octroyés par le ministère de la Solidarité nationale. « Pour le moment, on a rien vu, sauf que ces bus sont à la disposition des scouts et des associations sportives », insiste-t-il. La coordination dénonce, par ailleurs, un certain « favoritisme » dans l'accès aux cantines ouvertes à un fils d'un directeur et interdite à un élève des houach. « Des écoles ont des budgets pour servir des repas chauds, mais proposent des collations. Il y a même des femmes de ménage qui s'improvisent serveuses », assure M. Bougara. La médecine scolaire connaît, elle aussi, des difficultés. Sur les trois unités de dépistage et de suivi (UDS) qui existent, seule une est opérationnelle avec « grande difficulté ». Elle est implantée au CEM Hamoud Ramdhane, tandis que les deux autres se trouvent aux CEM Ali Khodja et El Amir Abdelkader. A Ali Khodja, révèle le premier vice-président de l'Upewa, un fauteuil dentaire est encore sous emballage. Entre-temps, déclare-t-on, des cas d'hépatite (inflammation du foie) sont enregistrés dans les écoles.