Une rencontre de sensibilisation, ayant pour thème « La lutte contre la violence et la toxicomanie en milieu scolaire », a été organisée, dans la soirée du lundi, par la cellule de protection des mineurs du groupement de la Gendarmerie nationale d'Alger. Pas moins de 70 lycéens et professeurs du lycée Djamel Eddine El Afghani, El Harrach, ont pris part à cette rencontre en compagnie des parents d'élèves et d'un représentant du ministère des Affaires religieuses. Le chef de la cellule de protection des mineurs est longuement revenu sur l'affaire du hadj qui a ébranlé les esprits dans le milieu scolaire au début du mois de septembre. Plus explicite, l'orateur a affirmé que pas moins de huit lycéennes et collégiennes ont été violées par un « malfaiteur » âgé de 54 ans et très respecté à Bouzaréah et cela pendant une période qui dépasse les quatre ans. Ce « prédateur sexuel » guettait ses victimes à proximité des lycées et CEM de Chéraga dépourvues de la demi-pension qui sont des proies faciles. Elles sont généralement issues de familles pauvres et habitent loin de chez elles. Il les amadoue avec de l'argent, des téléphones portables et des cartes de recharges. Un film documentaire sur les viols a été diffusé à l'assistance. Préparé en projet de fin d'étude par des étudiants de l'Institut de journalisme, en collaboration avec la Gendarmerie nationale, ce film contient des témoignages édifiants de femmes violées par des terroristes, des connaissances et même par des parents et proches. La dislocation de la cellule familiale et l'absence de l'autorité parentale sont entre autres les causes des viols, de la déperdition et de la prostitution. Des filles sont parfois violées par les personnes qu'elles fréquentent et qui leur promettent le mariage. Utilisant un langage franc et direct, Zohra Boukaoula, psychologue au sein de la cellule, relatera l'affaire de cette fille de 16 ans qui avait été violée par son frère âgé de18 ans. « C'est à cause de la consommation de la drogue que le frère a abusé de sa sœur. Il était inconscient. Actuellement, la fille a accouché d'un garçon qui se trouve dans une pouponnière à Rouiba. La famille a volé en éclat à cause du kif et de l'absence de communication », a-t-elle expliqué. Pour la psychologue, le rôle de la famille est prépondérant et la communication entre ses membres est primordiale. A cause de la pression de ses frères et des problèmes au sein de sa famille, la fille tente de s'échapper de la maison. Mais elle va se retrouver confrontée aux prédateurs une fois dehors. Elle sera violée et introduite dans les réseaux de prostitution. Elle sera reniée par sa famille et ses proches et se retrouvera dans un centre d'insertion sociale. Mme Zohra Boukaoula a tenté de convaincre l'assistance sur les dangers de la consommation des drogues et les conséquences qui en découlent aussi bien au plan mental que social. Elle revient sur la responsabilité des parents d'élèves ainsi que celle des chefs d'établissements scolaires quant au suivi du cursus scolaire des enfants. « La mobilisation de tous : école, société civile et pouvoirs publics est indispensable afin de résoudre ce fléau », a-t-elle insisté. Pour le directeur du lycée Djamel Eddine El Afghani, Khababa Abdelkader, les comportements néfastes de la rue sont en train de prendre le dessus au niveau des établissements. « Des directeurs d'école et des professeurs sont menacés par des élèves dans la cour et à l'intérieur des classes. Ils font parfois l'objet d'agression à l'extérieur de l'établissement », atteste-t-il. Pour le premier trimestre 2006, 1027 délits de mineurs ont été recensés contre 3162 en 2005. 10 enfants mineurs ont été exploités par les réseaux de prostitution contre 20 en 2005. Pour le 1er trimestre 2006, 20 mineurs ont été arrêtés pour possession et consommation de drogue contre 42 cas en 2005 et 70 cas en 2004.