L'Union africaine (UA) dit ne pas croire pour le moment à une solution militaire à la crise libyenne l Pour les dirigeants africains, cela compliquerait davantage la donne. Iinquiète du chaos qui règne en Libye, l'Union africaine, réunie en sommet à Addis-Abeba, a désigné hier un groupe de cinq chefs d'Etat pour aider à la formation d'un gouvernement d'union nationale. A travers cette décision, l'organisation panafricaine veut aussi tenter de contrer la progression du terrorisme dans ce pays. «Le soi-disant groupe Etat islamique (EI) se propage vers l'est de la Libye, frappant les installations pétrolières, comme à Ras Lanouf, et souhaitant élargir sa présence dans ce pays, y compris au Sud», a prévenu le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Smaïl Chergui, lors d'une conférence de presse. L'UA est-elle favorable à une action militaire immédiate en Libye pour neutraliser justement les éléments de Daech ? «C'est un aspect qui nous préoccupe tous et qui commande une action vigoureuse, mais nous ne pouvons le faire que si nous avons un gouvernement en place et des forces libyennes que nous pourrons à ce moment-là encadrer et équiper», a expliqué M. Chergui. «Nous ne croyons pas pour le moment à une solution militaire à la crise libyenne. Cela compliquerait davantage la donne», a-t-il ajouté. A l'occasion, il a annoncé que les chefs d'Etat avaient décidé de «relancer le groupe de contact de haut niveau sur la Libye qui sera composé de cinq chefs d'Etat, pour prêter main-forte aux efforts en cours». Toutefois, on ignore pour le moment la composition de ce groupe. Les chefs d'Etat africains ont également nommé l'ancien président tanzanien, Jakaya Kikwete, nouvel envoyé spécial de l'UA pour la Libye, qui succède ainsi à l'ex-Premier ministre djiboutien, Dileita Mohamed Dileita. Tête-à-tête Serraj-Haftar Pour l'heure et afin de faire sortir de l'impasse le projet de création d'un gouvernement d'union nationale parrainé par l'ONU, le Premier ministre libyen désigné, Fayez Serraj, multiplie de son côté les rencontres sur le terrain. Son but : persuader ses détracteurs de ne plus lui faire obstacle. C'est ainsi qu'il a rencontré samedi le général Khalifa Haftar, chef des forces loyales aux autorités reconnues internationalement. Depuis l'été 2014, M. Haftar commande l'opération «Karama» (Dignité) dans l'Est libyen contre des groupes qu'il a qualifiés de «terroristes» à Benghazi. Cette rencontre s'est déroulée à Al Marj, dans l'Est, en présence de plusieurs membres du gouvernement d'union nationale, a indiqué un communiqué publié sur la page facebook du Conseil de présidence. Rien n'a filtré sur la nature des discussions ayant eu lieu entre eux. Le communiqué en question s'est juste contenté de mentionner que la réunion «s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres» qui permettent à M. Serraj de prendre connaissance des «opinions, craintes et inquiétudes des parties influentes dans la crise» politique qui sévit depuis plus d'un an et demi. Ce tête-à-tête intervient alors que M. Serraj doit proposer, dans les prochains jours, une nouvelle composition de son gouvernement, plus restreinte que celle qui a été rejetée lundi par le Parlement de Tobrouk et qui comptait 32 ministres. Les députés de ce Parlement craignent une remise en cause de la prééminence du général Haftar. Or, sa mise à l'écart est l'une des conditions posées par les autorités rivales, celles du Congrès général national (CGN), installées depuis l'été 2014 à Tripoli. M. Serraj, précise-t-on, souhaite soumettre une proposition «réaliste» basée sur «la réalité du terrain» afin d'atteindre un consensus qui est censé être le ciment du gouvernement d'union. En attendant, l'heure tourne pour la Libye.