Dans l'enceinte des établissements ou à leurs abords, la violence impliquant des élèves, des enseignants, des agents, ou d'anciens élèves recalés, voire des étrangers prend des proportions inquiétantes. Excès de violence dans les établissements scolaires. A l'école de Doukar à Tizi Ouzou, des enseignants ont observé, début février, un arrêt des cours pour dénoncer les menaces proférées par le parent d'un élève à l'encontre de leur collègue. Réuni en session extraordinaire, le bureau local du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) s'est joint au collectif et a rappelé dans un communiqué l'origine de l'incident. «Une altercation s'est produite entre deux élèves de cinquième année. L'enseignant est intervenu pour les départager, mais il a été établi que l'un des enfants a laissé des traces de griffure sur le visage de l'autre. Le 28 janvier 2016, le parent de l'élève blessé s'est présenté à l'école, a menacé l'enseignant en question d'emprisonnement, le directeur de l'école de licenciement et l'école de fermeture», signale le Satef qui exhorte la tutelle à «être aux côtés de leurs collègues et défendre la dignité du secteur de l'éducation». Des faits comme celui signalé à l'école Doukar se répètent souvent et parfois des drames sont signalés. A Bousfer (Oran), un lycéen a été mortellement poignarder par son camarade. Même agression mortelle au couteau à Reguiba, à El Oued, où un élève, âgé de 12 ans, inscrit en 2e année au CEM Aïssa Messaoudi, a succombé à ses blessures. Une enseignante de français, exerçant au CEM Hamida de Boghni (Tizi Ouzou), a été agressée par son élève en 4e année moyenne. De pareils faits, parfois mortels, se produisent tout au long de l'année scolaire. Dans l'enceinte des établissements ou à leurs abords, la violence impliquant des élèves, des enseignants, des agents, d'anciens élèves recalés ou encore des étrangers prend des proportions inquiétantes. «Il y a eu plusieurs cas de violence cette année. Ces cas ont parfois abouti à des meurtres ou à des handicaps. Imaginez si chaque semaine il n'y a que 20 cas par wilaya, on aura près de 1000 cas à l'échelle nationale, soit 5000 cas par mois et 45 000 par an», s'indigne Bachir Hakem, enseignant de mathématiques au lycée Lotfi à Oran et porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Selon un rapport cité par Hakem, 55% des cas de violences physique ou verbale sont enregistrés au sein des établissements contre 45% dans l'espace environnant des écoles. Une commission, puis plus rien ! «Ces chiffres donnent froid dans le dos, lorsque l'on sait que ces actes ont lieu dans ou à proximité d'établissements censés éduquer les futures générations», estime le porte-parole du CLA. Pourquoi une telle situation ? Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), le professeur Mustapha Khiati, qui a organisé une journée d'étude sur la violence en milieu scolaire en collaboration avec la CNCPPDH, a évoqué, entre autres, le déficit des conditions d'enseignement, du fait de la surcharge des classes et du manque de moyens. Mettant en avant le manque de communication à l'intérieur des établissements, le Pr Khiati a critiqué la méthode de formation des enseignants en matière de pédagogie, ce qui explique le recours systématique à la contrainte. Des mesures dans l'immédiat pour endiguer ce phénomène inquiétant ? La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a souligné, en marge d'une journée parlementaire intitulée «Parlement de l'enfant», la nécessité de prendre des mesures «urgentes» pour lutter contre la violence en milieu scolaire. «Etablir un plan de priorité est fondamental dans la prise en compte d'un certain nombre de mesures qui viseraient à limiter la violence en milieu scolaire», déclare-t-elle, expliquant que ce plan comportera des «mesures urgentes» (lesquelles ?) pour lutter contre la violence en milieu scolaire. Mme Benghebrit a rappelé l'installation, en octobre 2015, d'une commission composée de représentants de son ministère, de syndicats du secteur et de parents d'élèves, «en vue d'établir des propositions pour lutter contre la violence en milieu scolaire». La commission devra rendre ses conclusions en mars prochain. En attendant, un accord signé avec la DGSN permettra de sécuriser quelque 1200 établissements jugés «dangereux», a fait savoir une source au ministère, citée par El Khabar.