On aura tout vu en Algérie. Si la palme mondiale de l'insolite existait, sans nul doute que notre pays aurait été le leader incontestable et incontesté. Presque tous les domaines de notre vie nationale sont jalonnés d'actualités qui sortent de l'ordinaire. Le monde scolaire n'en est pas indemne. La dernière en date nous vient d'un lycée de la banlieue-Est d'Alger. Les adhérents de l'association des parents d'élèves de cet établissement ont pris l'inimaginable décision de geler leurs activités. Cela nous rappelle les fameuses déclarations de kasmate du FLN répercutées par la presse d'Etat à l'époque du parti unique. Du genre « la kasma de Oued Besbes dénonce l'intervention américaine au Vietnam ». La sortie inattendue de ces parents d'élèves nous renseigne sur le niveau et la nature de leur mobilisation. Loin de nous l'idée de remettre en cause le bien-fondé de leurs doléances. A la lecture de leur communiqué remis à la presse, le lecteur apprend qu'ils militent depuis quelques années pour l'amélioration des conditions de vie des élèves dudit lycée. C'est tout à leur honneur. Toutefois, si elle se comprend, leur colère, ponctuée d'un gel d'activité, ne se justifie nullement. Ont-ils oublié le sens de leur mission au sein de l'association ? Le statut stipule clairement qu'ils sont des bénévoles et qu'ils n'ont d'existence légale que par la présence de leurs enfants dans le circuit scolaire. Une question s'impose : leurs enfants sont-ils tenus de mettre entre parenthèses leur statut d'élève ? Cette simili-grève de membre de l'APE signifie en théorie le retrait de leurs enfants du circuit, le temps que dure ce gel d'activité. Une situation kafkaienne ! Le mérite et c'est le seul de ce mécontentement réside dans le fait que ces parents ont voulu secouer le cocotier. D'autres moyens existent, à commencer par la sensibilisation des autres associations pour initier des actions communes porteuses d'avancée. Les autorités ne peuvent indéfiniment occulter le rôle des parents. Elles seront dans l'obligation de composer avec eux dans le cadre organisé d'un vaste mouvement représentatif. Dans cet ordre d'idées, les problèmes rencontrés dans ce lycée d'Alger et que l'on retrouve dans d'autres villes peuvent servir de tremplin pour une réelle mobilisation des associations de parents d'élèves à travers le territoire national.