La direction nationale du projet portant conservation de la biodiversité d'intérêt mondial et utilisation durable des services écosystémiques dans les parcs culturels en Algérie organisera, au profit des cadres chargés de la gestion, à partir de samedi 20 février, un voyage d'étude et de formation en Jordanie. Cette visite, qui durera jusqu'au 6 mars, s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme concocté par le ministère de la Culture et sa nouvelle politique visant la capitalisation des ressources humaines et le renforcement des capacités professionnelles. Selon le directeur national du projet, Salah Amokrane, 12 ingénieurs et gestionnaires relevant des cinq parcs culturels du pays, dont quatre du parc de l'Ahaggar, trois du Tassili n'Ajjer, un de Atlas saharien, un de Touat-Gourara, trois autres de la direction nationale du projet, sont concernés par ce voyage rendu possible grâce au travail de coopération internationale mené par le représentant du bureau algérien chargé du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et son homologue jordanien en collaboration, précise M. Amokrane, avec la Société royale de conservation de la nature (SRCN) du royaume hachémite. Une opportunité en or pour les heureux participants qui auront l'opportunité de «s'imprégner de l'expérience jordanienne en matière de gestion des aires protégées et des sites classés au patrimoine mondial telle la réserve de Wadi Rum, qui présente beaucoup de similitudes avec le Parc culturel du Tassili n'Ajjer, également inscrit dans la même catégorie au patrimoine mondial», souligne notre interlocuteur en rappelant que cette zone, classée patrimoine mondial mixte depuis 2011, couvre une superficie de 74 200 hectares. L'écosystème de Wadi Rum, indique-t-il, compte de nombreuses plantes rares et endémiques à cette région. C'est au printemps que les centaines d'espèces de fleurs sauvages renaissent. Environ 120 espèces d'oiseaux ont été dénombrées dans cette région, notamment le vautour fauve, le corbeau à queue courte, l'aigle de Bonelli et la chouette hulotte de Hume. Les enquêtes menées dans cette zone, située au sud de l'escarpement abrupt du plateau jordanien central ont montré la présence du loup gris, du renard de Blandford, du chat des sables et du bouquetin. Au total, douze sites d'intérêt biologique et archéologique ont été retenus dans le cadre de cette mission, lesquels serviront particulièrement de supports pédagogiques à la compréhension de plusieurs protocoles techniques portant sur les plans de protection, de gestion, de suivi et de mise en œuvre de projets de restauration de la biodiversité à même de lancer les programme de réintroduction d'espèces à l'exemple de ce qui s'était fait dans la réserve faunique de Shaumari où l'on a réussi l'expérience de régénération de plusieurs espèces en voie de disparition, dont l'oryx. La réserve, qui s'étend sur une superficie de 22 km², est devenue un centre de reproduction des espèces locales éteintes ou en danger. Elle abrite aujourd'hui des animaux, dont certains sont les plus rares du Moyen-Orient. «Ces espèces réaffirment aujourd'hui leur présence, loin de la prédation des chasseurs et des destructions causées par l'avancée de leur habitat. L'oryx peut ainsi vadrouiller librement dans la prairie protégée par une clôture. Les autruches et les gazelles, quant à elles, se laissent admirer derrière un grillage. La réserve se conforme aux programmes de reproduction à l'instar d'un certain nombre de zoos et parcs sauvages les plus réputés du monde», ajoute le représentant du ministère de la Culture, qui nous a invités à une courte expédition dans la réserve naturelle de Dana, qui couvre la splendide et magnifique montagne de Rummana. Cette réserve, qui renferme les antiques ruines archéologiques de Feynan, le village de Dana et les falaises en grès de Oued Dana, abrite plus de 700 espèces de plantes, 215 espèces d'oiseaux et 38 de mammifères. Les fouilles archéologiques ont révélé des éléments datant de l'ère paléolithique ainsi que des objets corroborant la présence des Egyptiens, des Nabatéens et des Romains. Animé par l'ambition de mener à bout son projet, Salah Amokrane s'est mis dans la peau des Jordaniens pour nous présenter l'enchanteresse Mujib. Située dans les profondes gorges d'un oued qui plonge dans la mer Morte, à 410 mètres sous le niveau de la mer, cette réserve naturelle, la plus basse de la planète,compte 420 espèces de plantes, 102 espèces d'oiseaux migrateurs et 10 de carnivores. On y trouve le bouquetin, les renards roux et de Blandford, la hyène, le chacal, le chat sauvage, le blaireau, la mangouste, le loup et le léopard arabe. Le petit félin caracal et le bouquetin d'Arabie, dont le nombre a considérablement chuté en raison du braconnage effréné et de la chasse abusive engagée dans les zones accessibles, «fait à présent partie d'un programme de reproduction en captivité établi par la SRCN dans la réserve de Mujib, située à 90 km au sud de la capitale, Amman», indique M. Amokrane. Revenant aux objectifs assignés à cette mission, il a évoqué les approches permettant la maîtrise des processus d'écodéveloppement et des activités génératrices de revenus au profit des populations à faible revenus. Des études et analyses seront ainsi présentées en interprétant les résultats concrets des projets, portant notamment sur l'amélioration de la résilience des populations pauvres du village de Faqou et les activités du projet de développement de moyen et d'infrastructure d'écotourisme dans le sud de la Jordanie. Cette démarche permettra sans nul doute aux participants de faire face aux difficultés et contraintes affectant l'efficacité de la gestion du réseau des parcs culturels et, par conséquent, de développer des mécanismes en faveur d'une initiative de conservation visant à garantir des avantages environnementaux d'intérêt mondial.