Le professeur des sciences politiques Fawzi Rouzeik, âgé de 78 ans, est décédé. Il a été enterré dans l'intimité familiale le 11 février au cimetière de Garidi, Kouba. De retour au pays pour un séjour désormais cyclique, je n'ai pas failli à l'habitude d'appeler mon ami et aîné qui ne répondait pas aux premiers appels, jusqu'à ce samedi en fin de matinée où son frère me répondit. Fawzi est donc parti un peu comme il aurait voulu. Du moins, je le pense en raison de circonstances même inexpliquées. Sans annonce par voie de presse. En catimini. Cet homme connu pour son élégance et sa discrétion a donc tenu à s'en aller subrepticement pour ne point déranger qui que ce soit. Ses ami(e)s, collègues d'université et étudiants doctorants tout particulièrement. Il était un enseignant volontariste, puis par vocation dès la reprise du fonctionnement de l'université d'Alger à l'indépendance (1962). A la faculté centrale à l'époque, la seule laissée en héritage par l'ère coloniale française. Que de chemin accompli depuis avec une formidable explosion à travers le territoire national d'instituts divers et de centres universitaires adaptés aux besoins toujours grandissants de nos jeunes gens, filles et garçons. Il a assumé dans le temps des responsabilités politiques et administratives au rectorat même. Puis, il a eu à diriger la faculté des sciences politiques tout en y enseignant parallèlement. De nombreuses promotions d'étudiants et quelques collègues et confrères s'en souviennent forcément. Il avait soutenu un doctorat sous la supervision de Bruno Etienne de l'université d'Aix-en-Provence (France), auteur d'une magnifique biographie de l'Emir Abdelkader, lui aussi décédé il y a une décennie environ. En ce temps-là, Fawzi se consacrait à l'étude des processus de prise de décisions politiques un peu partout dans le monde et surtout au pays, l'Algérie qu'il avait rivée au cœur. Durant sa retraite contraignante en raison d'une lourde maladie, il avait pris un certain recul en tant qu'enseignant et s'est résolu, bien que très diminué physiquement, à écrire pour témoigner. L'intention chez lui était grande et louable. Les projets livresques aussi. Il a terminé courageusement, et c'était un engagement vis-à-vis de son ami Si Djamel, Chérif Belkacem, dans la douleur un livre témoignage suite aux nombreux entretiens que tous les deux ont eus. Publié aux éditions l'Harmattan à Paris (France), le livre avait pour titre le regroupement politique post-indépendance, dit Le groupe d'Oujda. L'ouvrage recèle une foule d'informations, d'analyses et aussi d'anecdotes qui renseignent beaucoup sur cette période incontournable dans la connaissance de la prise du pouvoir politique en Algérie et la naissance du système et mode de gouvernance en vigueur encore à ce jour pour l'essentiel. Adieu l'ami ! Adieu camarade.