Deux mois à peine avant l'ouverture prévue le 16 avril, du Ritaj 2, un supermarché situé à Ali Mendjeli, les habitants de la résidence El Bahia, mitoyenne du projet, affichent leur opposition à l'ouverture aux quatre vents du centre et interpellent le propriétaire et les autorités pour trouver une solution à leurs doléances. Des doléances pour le reste simples et pas trop exigeantes qui se résument à changer l'accès unique de leur cité avant qu'il ne soit occupé anarchiquement par les commerces et le stationnement, en plus des conséquences collatérales liées à la sécurité, notamment celle des enfants. Le problème, transformé en conflit, date de 2012, quand le projet du supermarché est ajouté «au crayon» sur le POS initial. Auparavant, ces familles, parfait échantillon de la classe moyenne, avaient choisi de s'établir dans cette cité, pour le calme et la sérénité qu'elle offrait. Le terrain d'en face devait abriter des immeubles d'habitation, mais fut attribué à un investisseur ayant déjà à son actif le centre commercial Ritaj, avec l'ambition de faire plus grand. Ni les autorités ayant accordé le terrain, ni celles ayant octroyé les financements n'ont été très regardantes sur le respect de la règlementation. La loi existe. Le décret exécutif n° 12-111 du 6 mars 2012 fixe les conditions et les modalités d'implantation et d'organisation des espaces commerciaux et d'exercice de certaines activités commerciales. (JO n°15 mars 2012). Dans son article 5, il est clairement stipulé que l'implantation des espaces commerciaux doit obéir aux dispositions législatives et réglementaires relatives à la protection de la santé, à la sécurité des consommateurs, à la protection de l'environnement et à la préservation des sites historiques. L'article 43, précise aussi que «Le supermarché doit disposer : —d'une surface de vente supérieure à cinq cents (500) mètres carrés et inférieure à deux mille cinq cents (2500) mètres carrés, cumulables en hauteur». Pour le Ritaj 2, cette limite est largement dépassée. Nul doute que la taille de l'infrastructure et l'activité qui y sera installée vont chambouler ce quartier jusque-là tranquille. Les riverains, échaudés par l'effet du Ritaj 1 sur son environnement direct, constatent que les dépassements se font à leurs dépens, d'où leur inquiétude. A travers leur association «El Bahia», ils ont alors exprimé leur désapprobation en s'adressant au P/APC du Khroub qui les a dirigés vers le service technique de la délégation d'Ali Mendjeli. Les tentatives de conciliation échouent. Le Ritaj 2 aura quatre (04) accès, et celui qui donne sur l'entrée unique de la résidence, est affecté au marché des fruits et légumes ainsi qu'un café-restaurant prévu sur la même façade. Le propriétaire, Salah Leknouche, refuse d'apporter des changements à ses plans, assuré sans doute de la super puissance dont disposent les nouveaux capitalistes et leur alliance avec l'administration. Il sera cependant débouté par la justice dans sa plainte contre les riverains, qu'il accuse d'avoir posé illégalement une clôture devant leur cité, clôture dont ils disposent d'un permis de construire. Contacté par El Watan, M. Leknouche fait valoir l'importance de son investissement et le nombre d'emplois générés par le projet. A ses yeux, son investissement est tellement gigantesque qu'il devient négligeable d'écouter ses voisins. Ce qui est cependant futile pour lui, ne l'est pas pour les résidents d'El Bahia qui voient leur rêve d'habiter dans la quiétude, écrasé par le mastodonte «Ritajien», et leurs droits bafoués par le culte de cette grosse machine à sous, née de la dictature de la consommation. Le conflit s'envenime et risque de perturber les plans de la wilaya qui prévoit l'inauguration du supermarché par Abdelmalek Sellal. Il suffit pourtant juste d'un peu de bon sens et trois fois rien de moyens pour solutionner le problème.