Nacer Eddine Chaouli a pour tradition de se produire à chaque Ramadhan en Algérie. Un retour incontournable pour cet artiste qui vit en France depuis quelques années déjà. Il est revenu en force sur la scène algéroise avec dans son escarcelle un nouvel album, en hommage au regretté El Hachemi Guerrouabi, décédé en juillet dernier, à la suite d'une maladie. A 21 h 30, des couples, pour la plupart d'un certain âge, se placent dans la salle bleue, et ce, selon les affinités. Des embrassades se laissent entendre par-ici et des retrouvailles se laissent deviner par-là. C'est dire que Nacer Eddine Chaouli a cette faculté d'unifier les mélomanes de ce genre musical. C'est vers 22h15 que le concert a commencé par des partitions musicales, exécutées par le fidèle orchestre de Chaouali. Vêtu d'un costard noir, rehaussé d'une cravate jaune paille, l'artiste confortablement assis sur son siège et après avoir réglé encore une fois son instrument, commence son concert par un meddih dini : Besm El Ilah, suivi de ya sahib el ghamama. L'enfant spirituel de Djamel Benachour enchaînera par des tubes qui ont révolutionné pendant des générations et qui continuent par charmer encore aujourd'hui avec Billah y a Ibn el ouarchen, Wahed el gheziel, Ya moulati y a lallah, Ah y a mali et Ya el behdja nouali lik. Dans un premier temps, le public se contente d'applaudir et de lancer des youyous stridents car la chasteté est de mise durant cette première partie du concert, puisque les corps se déhanchent timidement en position assise. De temps à autre, le chanteur s'adresse à ses convives en leur disant : « Allah Allah aâla el hebeb, Mahlahoum. » S'excusant, Nacer Eddine informe l'assistance qu'il se retire pour une pause de dix minutes. Un battement qui permettra à plus d'un d'acquérir son dernier CD en vente à l'entrée de la salle. Plus revigoré, l'orchestre reprend de plus belle, en interprétant un rythme connu, qui n'est autre que Qoum tara. D'une vois exceptionnelle, Nacer Eddine Chaouli interprétera cet inkilab enchanteur suivi d'autres titres entraînants, à l'image Ahel ousahalan lizarana, Ya rachek el zin, Zinek habalni et wahran el bahia, Dzaïr el ghai ou Tlemcen el aâli. Les corps se sont dessalés en se lançant dans des pas de danse algéroises mesurées. La transition d'une chanson à une autre se fera avec une grande complicité entre le chanteur et les musiciens. A minuit, les touches du piano de Nader Henni s'envolent pour donner un délicieux prélude intitulé Nahwak hata youm el kiyama. Le moment le plus attendu fût incontestablement celui où les trois chansons d'El Hachemi Guerrouabi furent magistralement reprises par Chaouli. En effet, Ya el ouerka, Hakmet et nefssi ouana moulaha ont suscité émotion et souvenir. L'ombre du défunt planait dans la salle. Il est à noter au passage que Nacer Eddine Chaouli a mis en vente un CD sur le marché national en hommage à Guerrouabi. Avec sa voix cristalline, l'artiste a certes repris trois chansons, mais ne compte pas se substituer en chanteur chaâbi. Après ses instants de mémoire et de devoir à la fois, l'ambiance devient plus électrique avec l'incontournable chanson El Aâtar ou encore Thaâli ya ghazali, chantée en chœur par l'assistance. Après Kaftanek mahloul et Ya el bechar, le concert s'achève à 1h avec une pointe de regrets avec la chanson récurrente Abkaw aâla khir. Pour les mélomanes de musique andalouse, deux autres rendez-vous de Nacer Eddine Chaouli sont donnés : le 11 octobre à l'auditorium de la Radio nationale et le 20 au Centre culturel algérien de Paris. Des moments de purs délices sont garantis...