Anniversaire n Nasreddine Chaouli, interprète de la chanson et musique hawzies, fête, cette année, ses trente ans dans la profession. Cette célébration est couronnée d'un album et d'un récital qu'il animera mercredi prochain à l'auditorium du complexe culturel Laâdi -Flici (théâtre de verdure). S'exprimant hier, lors d'une conférence de presse, sur sa carrière, il a déclaré : «J'ai tenu à marquer cet anniversaire en mettant sur le marché un best of. Il s'agit d'une compilation des chansons que j'ai interprétées et qui ont eu un grand succès.» Interrogé sur le choix des chansons compilées, Nasreddine Chaouli a reconnu que le choix a été difficile. «Le travail n'a pas été facile», a-t-il indiqué. Et d'ajouter : «Il fallait choisir des titres qui ont eu un effet auprès du public ; et c'est à partir de cette évaluation que le choix s'est fait.» Trente années de carrière, cela signifie pour l'artiste trente années d'enregistrements à la télévision et en studio – il a à son actif six albums – et trente années de scènes et de tournées à l'étranger. Nasreddine Chaouli se rappelle ses débuts comme et ses rencontres notamment avec Warda El-Djazaïriya qui l'a soutenu dans son travail. «Lors d'un concert au Caire, j'ai rencontré Warda El-Djazaïriya. Elle m'a encouragé. Elle m'a surtout recommandé de continuer dans cette voie et d'y persévérer», s'est-il rappelé. Nasreddine Chaouli fête ainsi ses trente ans de carrière. Qu'a-t-il alors apporté au hawzi et qu'est-ce que cela lui a rapporté ? «Le hawzi m'a apporté d'abord une satisfaction artistique ; ensuite, un public, des rencontres et des expériences aussi enrichissantes que constructives ; et le fait que j'interprète ce genre musical m'a conduit immédiatement à m'impliquer davantage dans la préservation de notre patrimoine musical, en y faisant des recherches et notamment en enregistrant des albums.» Nasreddine Chaouli explique que sa mission d'artiste consiste à «enregistrer le patrimoine musical», car cela, a-t-il dit, «relève de ma responsabilité». «Certains chercheurs et universitaires ont pour objectif d'écrire sur le patrimoine, moi, ma mission, et c'est une responsabilité, est d'interpréter et d'enregistrer cette musique», a-t-il relevé. Le chanteur a émis le vœu d'entamer incessamment un enregistrement d'une série de noubas. «J'ai aussi l'intention de venir enseigner à Alger la musique arabo-andalouse afin de léguer aux élèves ce riche patrimoine, donc, de perpétuer la tradition et de pérenniser ce legs musical», a-t-il souligné. Nasreddine Chaouli vit et travaille en France. «J'enseigne la musique arabo-andalouse au Centre culturel algérien à Paris», a-t-il dit, et d'ajouter : «J'ai une classe, et il y a un projet avec l'établissement Arts et Culture : faire venir mes élèves de France pour présenter un récital, ici, à Alger.» Ce projet se veut significatif : montrer que même ailleurs, à l'étranger, l'intérêt pour la musique arabo-andalouse existe notamment au sein de la jeunesse qui, par l'entremise de cette musique, affiche un attachement à la culture algérienne. l La rencontre avec Nasreddine Chaouli a été l'occasion pour évoquer certaines réalités. «Il n'y a pas d'initiatives concrètes ni de réelle volonté de la part de l'Etat pour protéger le patrimoine», a-t-il regretté, déplorant également l'inexistence d'association ou d'organisation, une sorte de groupes de réflexion, chargée de collecter les textes, de mettre par écrit l'histoire de cet héritage musical, ou d'écrits bibliographiques sur le sujet. «Il n'y a pas de documents ni de références permettant à l'artiste de vérifier la véracité du patrimoine immatériel», a-t-il déclaré. Et de souligner : «Les rares personnes qui ont écrit sur le patrimoine musical et continuent de le faire, ce sont bien Mohamed Serri et Abdelkader Bendaâmache.» Nasreddine Chaouli a, ensuite, déploré le rôle joué, aujourd'hui, par les associations musicales. Un rôle qui est, selon l'artiste, devenu carrément commercial, les artistes ne pensent qu'à la renommée, à faire de la scène et à enregistrer des albums, alors que du temps des grands maîtres, les associations avaient une vocation pédagogique. Leur mission était l'apprentissage et la formation. Nasreddine Chaouli a, en outre, reconnu que le patrimoine musical est repris, exploité notamment à titre personnel et non pas expérimenté, réapproprié dans l'intérêt commun. Il a reconnu qu'il n'y a pas de production au plan du texte et de la musique ; autrement dit, les artistes misent leur talent essentiellement sur les reprises, se détournant ainsi de la recherche et de la création.