Il y avait foule, hier, en dépit des mauvaises conditions météo au cimetière chrétien de Bologhine, à Alger, pour rendre hommage à la mémoire de Fernand Iveton, guillotiné par l'administration coloniale le 11 février 1957, et au moudjahid Georges Accampora, décédé en 2012, le même jour de février. En dépit de leur âge, leurs anciens compagnons, des moudjahidine, ont tenu à être présents ainsi que de nombreux anonymes aux côtés des membres des familles Accompora et Iveton. Parmi l'assistance, on pouvait relever la présence de Réda Malek, ancien chef de gouvernement, Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France du FLN, d'anciens généraux à la retraite, ou encore Mgr Teissier, ancien archevêque d'Alger. Le parcours de Fernand Iveton condamné à mort et exécuté par la justice coloniale est évoqué devant l'assistance depuis son adhésion au Parti communiste algérien jusqu'à son ralliement au FLN avec d'autres combattants de la liberté. Sa condamnation à mort pour avoir déposé une bombe à la centrale à gaz d'Alger et son exécution ce jour de février 1957 au cri de «Tahya El Djazaïr» ont été rappelés par Abdelkader Guerroudj qui a été son ancien responsable et par Félix Colozzi, son compagnon de lutte. L'émotion a été plus grande quand l'ancien archevêque d'Alger, Mgr Teissier, a lu la lettre de la famille du chahid Henri Maillot, tombé les armes à la main, et parue dans la presse la semaine dernière. La sœur et le neveu n'ont fait que rappeler que jusqu'à présent aucun lieu de mémoire ne porte ne nom du chahid dont la famille est établie en Algérie depuis au moins six générations. Le moudjahid Guerroudj, après avoir remercié l'ancien archevêque, a rappelé le dévouement et l'abnégation dont ont fait preuve les hommes d'Eglise durant la guerre de libération, à l'image de Mgr Duval ou de l'abbé Bérenguer. «Tous, dira Guerroudj, méritent de figurer au fronton de lieux et d'espaces publics de mémoire.» Et de rappeler à l'assistance que l'on a vite oublié le nom du dernier maire de la période coloniale de la ville de Telagh, Henri Quievreux de Quevrain, un noble connu pour son humanisme et pour avoir dénoncé les exactions de l'armée française, notamment par les officiers des SAS, à l'égard d'Algériens enlevés et assassinés dans des conditions obscures par l'OAS quelques mois à peine avant l'indépendance. Et tant d'autres, dira t-il, comme le docteur Masbeuf de Ténès, tous aujourd'hui méritent d'être préservés de l'oubli.