A Réghaïa, les bus qui assurent la navette entre le chef-lieu de la commune et les localités d'Ouled Haddadj et de Houch El Makhfi sont tellement délabrés que l'on se demande par quel miracle ils peuvent encore transporter des voyageurs. «Ces bus devraient rejoindre le musée des antiquités tant ils sont vétustes», ironise un usager. La flotte de bus qui transporte les voyageurs de cette partie de la capitale date d'une autre époque. Les voyageurs sont transportés dans des conditions qui rappellent celles des expéditions du siècle dernier. Pour pouvoir prendre le départ, les chauffeurs se garent de préférence sur un léger sommet de côte, présentant une inclinaison propice pour une mise en route, sans faire appel au démarreur. Dans la plupart des cas, les bus répondent à la stimulation et finissent par se mettre en route, laissant derrière eux un nuage de fumée aussi opaque que celui d'un incendie. Il arrive dans 50% des cas que la stimulation échoue. Les bus ne peuvent alors s'arrêter, car les freins fonctionnent à l'air. Etant dans l'incapacité d'utiliser la pédale de frein, les chauffeurs se rabattent sur le frein à main comme ultime recours, avant de buter contre une bordure de trottoir. Tel le mythe de Sisyphe, les passagers doivent redescendre, pousser le bus jusqu'au sommet et refaire la même opération. A l'intérieur de ces bus, hormis les sièges qui permettent aux voyageurs de prendre place, aucune autre commodité ne leur est offerte. En franchissant les multiples dos-d'âne qui ponctuent l'itinéraire jusqu'à Ouled Haddadj, la poussière se soulève du plancher rendant l'air irrespirable. «Même les fenêtres ne s'ouvrent pas», fulmine un passager. Avant d'arriver à bon port, il faudrait que le bus «asthmatique» accomplisse une ultime prouesse. Escalader une pente d'à peine quelques dizaines de mètres. «S'il arrive à le faire, on est sortis d'affaire», se plaît à dire un passager. A Ouled Haddadj, la station de bus n'est autre qu'un terrain vague dépourvu d'équipements et d'aménagements.