La famille du cinéma s'est réunie, samedi et dimanche, à la maison de la culture Mohamed Laïd Khalifa de Constantine pour débattre des contraintes de la production des films en Algérie. A l'initiative de Mourad Chouihi, responsable du département cinéma de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», et du Centre algérien du développement cinématographique (CADC), un colloque international a été organisé en présence des professionnels du 7e art pour essayer d'analyser la situation actuelle et d'ouvrir des perspectives pour le futur. «Nous avons constaté que beaucoup de producteurs algériens trouvent des difficultés à faire des montages financiers pour la réalisation de films. Certains ont du mal à trouver de bons scénarios pour lancer des projets ou à recruter des techniciens qualifiés pour les tournages. Aussi, avons nous décidé de regrouper plusieurs intervenants dans le domaine cinématographique pour en débattre et ouvrir des pistes de réflexion», a expliqué Mourad Chouihi. Shahinez Mohamedi, directrice du CADC, a expliqué les missions de ce nouvel établissement (créé en 2010 et entré en fonction en avril 2015). «Nous sommes chargés de produire et de coproduire des œuvres cinématographiques. Cela se fait de deux manières, soit à travers les financements qui nous sont confiés par le ministère de la Culture en qualité d'opérateur financier, soit à travers le Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique (Fdatic) ou des comptes d'affection spéciale, tels que celui de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe». Le CADC peut se présenter en tant que producteur à part entière et déposer des projets au FDATIC», a-t-elle précisé. Le CADC se concentre actuellement sur la production de courts métrages et de première œuvre de court métrage. «Les jeunes cinéastes ont beaucoup de difficultés pour trouver un producteur. Nous essayons de pallier ce manque», a relevé Shahinez Mohamedi. Selon elle, le CADC défend les droits financiers et moraux des films. «Nous veillons à ce que l'achat des droits soit respecté et à la récupération des recettes nettes par producteur», a-t-elle dit, relevant que certains films produits entre 1960 et 1980 connaissent des pertes dans la chaîne des droits. Smaïl Oulebsir, secrétaire général du ministère de la Culture, a, pour sa part, annoncé la réorganisation prochaine des établissements sous tutelle du département de Azeddine Mihoubi par «pôles d'activité». Il s'agit de «Création et diffusion culturelle», «Livres et lecture publique», «Patrimoine» et «Organisation de l'administration centrale des services déconcentrés». «Les propositions sont à l'étude. Les missions du ministère de la Culture seront recentrées sur les fonctions fondamentales de la régulation, du financement et de la réglementation. Nous laissons donc faire les entreprises tant publiques que privées en matière de création, de diffusion, de production... Pour la protection du patrimoine, c'est une mission régalienne de l'Etat, selon les termes de la nouvelle Constitution. Nous ne comptons pas nous désengager», a-t-il déclaré. Il a annoncé que la Cinémathèque algérienne sera fusionnée prochainement avec le Centre algérien du cinéma et de l'audiovisuel (CNCA). «Cette fusion ne portera nullement atteinte aux missions de la Cinémathèque algérienne relatives à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine filmique algérien. Il s'agit de revoir les méthodes de gestion de cet établissement», a souligné Smaïl Oulebsir, rappelant que le ministère de la Culture a financé une opération de numérisation de toutes les archives du cinéma algérien. Smaïl Oulebsir a confirmé la création prochaine d'un nouveau fonds à partir de la fusion du Fdatic avec le Fonds du développement des arts et des lettres (FDAT). «Mais le nouveau fonds aura deux commissions, l'une va s'occuper du financement du cinéma, l'autre des arts et des lettres. Nous allons introduire de nouvelles conditions pour accorder l'aide de l'Etat. Nous devons financier d'autres activités, pas uniquement la production. Il s'agit, par exemple, de la diffusion et de la formation», a-t-il appuyé. Le critique de cinéma Ahmed Bejdaoui et le cinéaste Belkacem Hadjadj sont intervenus pour analyser les blocages et les freins qui empêchent le cinéma algérien d'avancer. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur ces interventions et sur les débats qu'elles ont suscité.