Plusieurs experts dans le secteur cinématographique étaient présents à cette 1ère journée pour débattre sur la situation difficile que connait la production algérienne. « Conditions et contraintes de la production cinématographique en Algérie » est l'intitulé du colloque international organisé par le département cinéma de la manifestation « Constantine 2015 : Capitale de la culture arabe ». organisé depuis hier (et sera clôturé aujourd'hui), au Palais de la culture « Mohamed Laïd Al-Khalifa », cet évènement a réuni des experts en la matière, notamment des critiques, producteurs, réalisateurs et responsables de différents départements cinématographiques algériens. Pour l'ouverture, le directeur du département cinéma de la manifestation Constantine, capitale arabe, Mourad Chouihi, est revenu sur la situation difficile (financière, qualité des films...) de la production que connait le 7e art. Présent à cette rencontre, le secrétaire général du ministère de la culture, M. Oulebsir, a pour sa part, indiqué que son département a l'intention d'instaurer une relation de travail avec « les sociétés de spectacles pour investir dans le cinéma, et ce, en aidant et en accompagnant ces entreprises privées dans la réalisation de leurs projets ». Suite à ces interventions, le critique Ahmed Bedjaoui, dans sa communication, a fait un topo sur l'état de la production cinématographique depuis ces 40 dernières années. « La production cinématographique est conditionnée par un certain nombre de choses, le jour ou un algérien payera sa place, le cinéma deviendra une réalité », a-t-il indiqué. Et d'ajouter : « Ce ticket paye une fiscalité comme cela se faisait dans les années 60-70, le fond du cinéma qui était alimenté par le public a permis de financer la production et la coproduction cinématographique algérienne ». Et de renchérir : « Ce n'est pas l'Etat qui finançait mais le public, le cinéaste tirait de sa légitimité du public. C'est ce qu'il faut rétablir ». Pour le critique, la régression de la production algérienne est due aux « mauvaises décisions, notamment celles de confier les salles aux communes. Il est difficile de gérer cet héritage. C'est un héritage qui n'a pas permis d'instaurer une école de cinéma correcte, d'installer une industrie de cinéma, des laboratoires et des studios ». Concernant, les gros budgets consacrés aux films « que nous n'avons pas vu », Ahmed Bedjaoui, a fait rappeler la situation économique qui ne permet plus autant de dépenses inutiles. D'ailleurs, l'une des alternatives à ce problème, est « l'Etat devrait donner des assiettes de terrains et faire des allègements fiscaux aux entreprises privées. Il faut également réaliser des salles de proximités et des multiplexes pour attirer le public ». Et de conclure : « Il faut laisser les gens de la société civile prendre des initiatives. Il faut les aider et financer leur projet comme construire des écoles de cinéma et cela coutera moins cher à l'Etat. L'Etat devrait se dessaisir progressivement de certains nombres de missions exécutives pour se concentrer sur la régulation ». A son tour, le producteur Belkacem Hadjadj, a fait une petite intervention sur ce secteur qui souffre d'une mauvaise gestion des décideurs concernés. Dans sa communication, il a relevé de nombreux points : « Il faut élever le degré d'exigence professionnelle pour tirer la production vers le haut. J'espère que notre cinéma proposera des choses qui vont séduire le public ». Il a soulevé par ailleurs, les contraintes que connaissent les étudiants de l'école de cinéma de Bordj El Kiffan, en interrogeant « au niveau de la formation il y a une école qui existe. Mais, il faut faire un bilan pour savoir pourquoi elle ne fonctionne pas ? Pourquoi ses élèves ne sont pas formés ? ». Et de souligner : « Il faut que nous réclamions qu'elle soit une école de formation. Une école de cinéma ne peut pas être enfermée dans un carcan administratif. Il faut lancer une formation basée sur des regroupements planifiés et organisés ». Au sujet des textes proposés, il a précisé que : « nos scénarios sont faibles, la commission de lecture a un rôle important à jouer. Il faudrait installer un atelier d'écriture dirigé par des scénaristes confirmés ». Insurgé par la qualité des œuvres proposées ces dernières années, Hadjadj, a déclaré « il y a un fonctionnement pervers entre la qualité et la quantité. Ils préfèrent produire beaucoup de films pour générer une production cinématographique. Alors qu'il faudrait réaliser des films de qualité. Nos films souffrent déjà d'une fracture artistico-technique et l'effet pervers de cette mécanique c'est que nous n'avons pas assez de professionnels ». Cette première journée du colloque s'est achevée sur des notes pessimistes quant à l'évolution de la production cinématographique. En marge du colloque, quatre master-class sur l'éclairage, le son, le maquillage et la 3D sont au programme de ces journées.