Après avoir rassuré sur son maintien, les autorités communales procèdent depuis hier au remplacement de l'imposante statue, symbole de la ville. A l'aide d'un imposant brise-roche, des travailleurs de l'APC de Béjaïa s'emploient, depuis trois jours, à faire disparaître du paysage la statue en béton du Soldat inconnu, trônant à El Khemis depuis 34 ans. La place abritant ce monument devenu symbole de la ville de Béjaïa est entourée, depuis quelques jours, par un rideau de plaques de zinc, comme pour dissimuler aux regards l'affreuse image de la statue tombant sous les coups de l'engin. Les ouvriers ont commencé par détruire la partie postérieure du monument, tâchant de débarrasser assidûment les gravats de la placette où on constate la présence d'une grue. Démolition ou «désoclage» ? Tout porte à croire qu'il s'agit bien d'une démolition. Mais ce qui est sûr, c'est que l'Apc, en finissant par passer à l'acte, a contredit son propre communiqué par lequel elle a démenti toute atteinte à ce monument. Cela s'est passé, fin janvier dernier, au lendemain d'un rassemblement de citoyens mobilisés pour sauver ladite statue de la destruction. Tout en démentant «catégoriquement ces allégations», l'Assemblée communale a déclaré ceci : «L'APC de Béjaïa a effectivement prévu des travaux d'embellissement sur cette place sans toucher au monument qui demeurera sous sa forme actuelle.» A peine un mois après, l'Apc revient sur sa décision. Pour arriver à ses fins, elle a eu le sésame de la famille révolutionnaire. L'Onm, le Cnec et l'Onec ont, en effet, «approuvé le projet», a expliqué, sur sa page facebook, la cellule de communication de l'Apc. N'en déplaise aux milliers de citoyens courroucés par ce revirement. Un riverain, rencontré près de la statue, nous a déclaré : «Cette statue était là avant ma naissance et j'ai grandi en sa présence. Pour moi, c'est un symbole de ma ville. Aucune autre statue ne pourra la remplacer.» Un autre l'apostrophe et s'emporte : «Regardez l'état piteux de ce trottoir ou encore ce regard d'où coulent depuis des années des eaux usées, ils sont à quelques pas de la statue, mais l'Apc n'a jamais daigné les réparer.» Le monument sera remplacé par une réplique, actuellement en stock dans le parc communal. Elle a été réalisée par une entreprise algéroise et a coûté à la commune la bagatelle de 4,85 millions de dinars, prélevés sur le budget communal 2016. C'est le cas aussi des bustes de Saïd Mekbel et d'Ibn Khaldoun, qui ont valu chacun 270 millions de centimes. Ces statues sont conçues en résine et non en bronze comme aiment à le dire les autorités pour bien vendre leur remplacement indésirable. Selon un artiste-sculpteur, malgré leur apparence clinquante, rien n'est sûr que des statues réalisées en cette matière résistent longtemps à l'épreuve du temps et des éléments. Le bronze, par contre, explique-t-il, est la matière la plus appropriée, mais sa cherté et l'absence d'une fonderie en Algérie font qu'on a recours à la résine et à la poudre de bronze.