Nombre d'éleveurs d'animaux de compagnie ignorent l'existence de la clinique vétérinaire «gratuite» de l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV) d'El Alia, à Alger. Félins et canins habitués des lieux y jouissent d'une prise en charge de grande qualité par les étudiants et docteurs vétérinaires en fin de cursus. En effet, l'ENSV abrite en son sein un véritable centre hospitalier — qui plus est universitaire — pour animaux domestiques. Le petit «CHU» pour bêtes est des plus réputés. Les lundis et mercredis, la clinique ne désemplit pas, on y reçoit gracieusement les patients à quatre pattes. Les étudiants, blouse blanche et stéthoscope en bandoulière, s'affairent consciencieusement pour prodiguer leurs soins aux animaux souffrants, amenés par leurs maîtres en urgence. Ces pauvres bêtes sont prises en charge prioritairement avant les autres chiens et chats amenés pour un vaccin. Les étudiants qui, à travers ces interventions, parachèvent leur formation par des exercices pratiques, sont assistés par leurs enseignants ; les docteurs vétérinaires et chirurgiens exerçant à l'Ecole nationale supérieure vétérinaire et qui comptent parmi les meilleurs praticiens vétos du pays. Les animaux sont reçus en salle de soins ou dirigés vers le service de chirurgie. Certains sont admis suite à des accidents, des petites morsures ou des fractures ; ils passent en radiologie, où les maîtres doivent tout de même s'acquitter d'un prix symbolique pour couvrir le coût des supports consommables. Dans la salle de consultation, Rex, un chien berger très mal en point, vient d'être admis en urgence, pris en charge par des étudiants de cinquième année. La pauvre bête famélique, qui refusait de s'alimenter depuis quelques jours, souffre d'un écoulement nasal et a du mal à respirer. Deux étudiantes réalisent des prélèvements et se dirigent diligemment vers le laboratoire où des analyses biochimiques, des diagnostics de parasitologie et de microbiologie sont réalisés par d'autres étudiants. L'animal, dont un étudiant vient de constater son état de déshydratation alarmant, est aussitôt perfusé. Les jours du pauvre chien au regard triste et larmoyant ne sont plus en danger, selon les jeunes vétos, mais il faut encore diagnostiquer le type d'infection dont il est atteint pour lui administrer le traitement adéquat. Histoires bêtes ! Les deux minuscules chiots qui folâtrent sur la table de consultation voisine ne semblent éprouver aucune compassion pour la triste bête souffrante. Amenés pour un vaccin, les jeunes chiens fous jouent avec les étudiantes et se chamaillent en sautillant, surexcités par les fragrances de ce lieu insolite. Par mesure de sécurité, les chiens sont d'habitude tenus en laisse et muselés à l'intérieur de la clinique, mais ils sont souvent abordés et libérés par les étudiants qui maîtrisent adroitement les gestes techniques de contention pour apaiser les animaux. Plusieurs groupes d'étudiants assistés par leurs enseignants s'occupent de différentes espèces de chiens qui se laissent manipuler docilement, sous le regard curieux de chats blottis au fond de leurs paniers et effarouchés par la présence de tant de bêtes rivales. A l'étage, Pussycat, une chatte siamoise, gît sur la table dans le bloc opératoire. Le service chirurgie animale est l'un des mieux équipés et aseptisés selon les normes hospitalières. Entourée d'une dizaine d'étudiants dirigés par leur professeur de chirurgie, la chatte va subir une ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l'utérus). La stérilisation de Pussycat mettra fin aux embarras de sa maîtresse qui ne sait plus quoi faire des chatons de cette féline aux portées intempestives. Selon les jeunes vétos qui se sont relayé pour pratiquer avec tact les actes chirurgicaux d'incision, de section et de suture, «Pussy» vivra certainement plus longtemps, moins exposée aux risques de cancer et autres tumeurs ovariennes et mammaires. La fugueuse sera également préservée du sida des chats (FIV) et autres virus éventuels inoculés lors des violentes bagarres de gouttière. La patiente a été ramenée chez elle le jour même, un peu étourdie en quittant l'Ecole supérieure et irrémédiablement ses chaudes nuits frivoles. Ainsi, à leur grande satisfaction, les étudiants de l'ENSV, après la phase préclinique d'études avancées en sciences fondamentales et les modules médicaux, pratiquent beaucoup —contrairement à leurs tristes camarades des faculté de médecine, privés de dissection sur sujet anatomique pour des considérations religieuses ! Consultation, chirurgie, autopsie, TP d'anatomie pathologique mais aussi multiplication des sorties cliniques ambulatoires ovine, bovine ou équines... les étudiants de l'ENSV s'assurent résolument d'une formation de qualité, notamment à la faveur de la réforme et de l'actualisation des contenus pédagogiques initiée récemment. Un cas d'école — supérieure —, gageons qu'il profite à l'ensemble des instituts vétérinaires régionaux.