Formation n En sus de l'Ensv, plusieurs universités et centres universitaires dispensent une formation en médecine vétérinaire. Cette situation permet de former environ 1000 vétérinaires annuellement, un nombre jugé trop élevé par rapport aux besoins de l'élevage dans notre pays. Cela ne fait qu'augmenter le nombre des diplômés universitaires au chômage. Pour Karim Adjoud, professeur et chef de service des pathologies de bétail et des animaux de basse-cour à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort (Paris), le grand nombre des étudiants dans cette spécialité conduit également à une grande défaillance en matière de formation. «Avec un effectif très élevé qui dépasse parfois les 120 étudiants par promotion, la qualité de la formation à l'Ecole nationale supérieure vétérinaire va forcément en pâtir, contrairement à la France où on ne forme pas plus de 400 vétérinaires par an dans les quatre écoles spécialisées », nous explique-t-il. En Algérie, poursuit notre interlocuteur, le nombre de vétérinaires qui sortent chaque année de l'Ensv et des différentes universités, est trop élevé. «L'Algérie est le seul pays où il existe une Ecole nationale vétérinaire et d'autres instituts universitaires spécialisés dans cette formation. Partout dans le monde, il existe soit des Ecoles supérieures spécialisées, soit des facultés de formation vétérinaire», précise-t-il. Selon lui, il est temps de focaliser sur la qualité de la formation et non plus sur la quantité. «Même en pratique, lorsque des étudiants sont en grand nombre, cela sera d'un impact très négatif. Lorsqu'on opère un veau, un chat ou un chien et que vous avez cinquante étudiants autour, personne ne peut intervenir. Les étudiants se bousculent, ils s'énervent et ne vont rien apprendre», poursuit le Pr Adjoud. En France, le nombre d'étudiants en chirurgie animale ne dépasse pas la douzaine et cela, précise-t-il, permet à l'étudiant de participer à la chirurgie et mieux comprendre la leçon. La surcharge des groupes pédagogiques constitue le principal problème dont se plaignent les étudiants de l'Ensv. «Lors des séances de travaux pratiques, on se retrouve parfois à plus de trente étudiants à assister à une chirurgie animale. Des étudiants de troisième année et ceux de quatrième année assistent en même temps et on doit monter sur les tables pour pouvoir observer l'opération. Avec cette méthode, on ne comprend rien. D'ailleurs, certains étudiants évitent d'assister à ces opérations pour éviter les bousculades inutiles », déplorent les étudiants interrogés. Il est également difficile pour les étudiants, de trouver des stages pratiques auprès des vétérinaires privés. «Il faut avoir des connaissances pour décrocher un stage, sinon nous sommes obligés de nous contenter de la formation théorique. La plupart des diplômés n'ont jamais eu de contact direct avec les animaux», regrette une étudiante en quatrième année. Pour parer à ce problème, le Pr Adjoud préconise la signature de conventions entre les instituts de formation et des cabinets vétérinaires pour prendre en charge des étudiants. Mais, suggère-t-il, il faudrait penser à diminuer le nombre d'étudiants dans cette spécialité pour assurer, d'une part, une formation de qualité et, d'autre part, permettre aux diplômés de trouver des emplois.