Le compte à rebours a, de ce fait, commencé pour le renouvellement des APC et des APW, chose qui va, certainement, inciter les états-majors des partis politiques à penser prochainement à concevoir les listes électorales en prévision des nouvelles élections locales prévues normalement pour l'automne 2007. Evidemment, le FLN, grand vainqueur des élections du 10 octobre 2002, avec 668 assemblées majoritaires sur un total de 1541 communes et 43 assemblées de wilaya à l'échelle nationale, aura du pain sur la planche pour conserver son leadership d'autant que la mauvaise gestion et les luttes intestines, essentiellement durant la période de la confrontation entre les proches de Benflis et les redresseurs du parti, avaient énormément nui à l'image du FLN. Les élus de ce parti s'étaient, en effet, retrouvés au centre des turbulences qui avaient touché l'ex-parti unique, engendrant une direction bicéphale et des luttes intestines entre les deux factions du FLN, préjudiciables à plus d'un titre à la gestion des affaires courantes des municipalités. Ce fut notamment le cas dans la wilaya de Constantine, où malgré qu'il soit à la tête de 9 APC sur les 12 existantes, le FLN n'a pas réussi à se hisser à la hauteur des espérances et des attentes de la population, ses élus étant trop occupés à se déchirer sur fond de pétitions de retraits de confiance aux maires en place, pourtant de même couleur politique. C'est ce qui s'est produit durant ces quatre dernières années au sein des assemblées communales de Constantine, d'El Khroub, de Hamma Bouziane, de Ouled Rahmoune et de Aïn Abid, toutes gérées par un président d'APC issu du FLN et où les putschs et les tentatives de putsch ont pris le dessus sur le bon déroulement des activités des communes. Contraint à démissionner de son poste de maire de la ville du Vieux Rocher, le 21 avril dernier, pour un problème de cumul de fonctions -c'était du moins l'argument avancé à l'époque par l'administration locale- l'ex-maire FLN de Constantine avait été, pour rappel, remplacé par le vice-président de l'APC, M. Mechâar, de même obédience politique. Mais au bout d'un calme précaire de courte durée, les élus du FLN, majoritaires à l'assemblée communale de Constantine, avaient trouvé en novembre 2004 dans les nombreuses formes de contestation citoyenne, engendrées par la dégradation du cadre de vie dans certains quartiers, le « prétexte » idéal pour intensifier la pression sur le maire en place et exiger son départ. La question de l'hygiène étant classée primordiale par les pouvoirs publics, les frondeurs lui avaient, de ce fait, reproché ce qu'ils avaient qualifié d'« insuffisance de salubrité publique » pour tenter, par le biais d'une motion de retrait de confiance, de le dégommer et d'installer un autre président à la tête de l'APC de la ville du Vieux Rocher. Mais les desseins des élus de cette commune n'ont pas abouti et le maire occupe toujours son poste, en dépit des « carences » qui lui sont reprochées vraisemblablement, dit-on, à la faveur des instructions du ministère de l'Intérieur adressées, en 2005, aux walis pour qu'ils n'avalisent plus les motions de retrait de confiance. Une gestion décriée Ayant fait, également, l'objet d'une motion de retrait de confiance signée par 10 des 15 élus siégeant à l'APC d'El Khroub, seconde grande commune de la wilaya de Constantine, le maire FLN de cette commune, M. Belaribi en l'occurrence, a lui aussi échappé à la destitution grâce à l'administration locale qui aurait préféré, dit-on, « ignorer » la requête des frondeurs, lesquels avaient accusé le premier responsable de la commune de « mauvaise gestion ». Une municipalité qui a été, l'année dernière, à quelques jours près, secouée par le fameux scandale des enfants circoncis dans le cadre d'une opération de circoncision collective. La fête avait eu lieu la veille du 27e jour du Ramadhan 2005 et s'était transformée en drame pour 8 enfants quelques jours plus tard, mettant ainsi en difficulté l'APC d'El Khroub puisque l'opération avait eu lieu dans un établissement scolaire mis à la disposition des organisateurs par la commune. Récemment, ce fut au tour de la « famille révolutionnaire » de cette commune d'« égratigner » le président en place pour avoir transféré le musée des moudjahidine situé au centre culturel M'hammed Yazid et retiré les photographies des chouhada qui s'y trouvaient. Les membres de l'ONM, de l'ONEM et ceux de l'ONEC ont accusé, à ce titre, le maire en place de transgresser les lois relatives à la protection du patrimoine et les valeurs de la Révolution dénonçant, en outre, son irrespect des fêtes nationales. Aujourd'hui, que ce soit à Constantine, à El Khroub ou dans d'autres communes, la gestion des élus locaux est vivement décriée par les citoyens, désormais imperméables aux promesses creuses des élus, mais aussi par le wali qui ne cesse, à chaque occasion, de critiquer cette même gestion, essentiellement celle des grandes communes de la wilaya. Une situation dont le RND, gérant l'APC de Benbadis (ex-El Haria), mais quasi absent de la scène politique locale où aucune opposition active n'a été enregistrée, ne semble pas avoir tiré profit. Cela étant, dans un discours prononcé, le 27 août 2002 à l'occasion de l'investiture de la commission politique de surveillance des élections locales de 2002, le président Bouteflika avait cru bien de rappeler « le vaste chantier des réformes engagées, particulièrement celles relatives aux collectivités territoriales et les conditions générales d'organisation et d'administration du territoire qui donneront lieu, dans le cadre du programme du gouvernement, à des actions novatrices visant la consolidation de la décentralisation et le renforcement de la démocratie et du fonctionnement des organes des communes ainsi que leur gestion administrative et la consécration d'un véritable statut de l'élu local ». Quatre ans plus tard, force est de constater que jusqu'à présent, les nouveaux codes de la commune et de wilaya, tant promis par le gouvernement et qui devaient renforcer les prérogatives de l'élu local et faciliter la décentralisation sont restés au stade de la théorie.