La chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera est en crise. La chaîne d'information en continu a annoncé la suppression de 500 postes d'emploi dans les prochains jours. Un chiffre qui s'ajoute aux 700 autres salariés de la version américaine qui va fermer définitivement ses portes dans un mois. Plus de 300 postes vont être supprimés dans le seul siège de la chaîne, à Doha (Qatar). Cela va réduire le nombre d'employés d'Al Jazeera de 5200 à 4000. Dans un communiqué diffusé hier, la chaîne d'information a annoncé que sa direction avait décidé de supprimer «environ 500 postes à travers le monde, dont une majorité au Qatar». Le communiqué n'évoque pas la fermeture de la branche américaine de la chaîne qui a fait trembler tous les pays du monde ces 20 dernières années. Si pour le directeur général du réseau Al Jazeera, l'Algérien Mostefa Souag, la décision de réduire les effectifs répond à l'impératif «d'optimiser» la productivité et «faire évoluer le travail (de la chaîne) afin qu'elle conserve une position de leader», il est difficile de ne pas voir derrière cette décision la chute des prix du pétrole. Car, derrière la puissance de la chaîne qui dispose de 80 bureaux à travers le monde, il y a les pétrodollars de l'émirat du Qatar qui, en temps d'aisance financière, dépensait sans compter. En plus de la chute des cours du pétrole qui oblige Doha à faire des économies, Al Jazeera doit faire face à l'émergence, dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, de nouvelles chaînes d'information en continu qui grignotent l'audience de la chaîne de la famille Al Thani. La chaîne, devenue tellement puissante qu'elle failli être bombardée à plusieurs reprises par l'armée américaine, a donc perdu de son aura. Et la multiplication des chaînes et des secteurs d'activité (notamment la création d'une chaîne en anglais et des chaînes sportives) n'a pas réussi à faire garder à Al Jazeera sa place de leader incontestable dans le paysage audiovisuel arabophone. Fondée en 1996 avec des capitaux officiellement privés – alors qu'elle est financée par le palais – Al Jazeera a réussi à s'imposer comme un média de référence dans le monde entier. Mais sa propension à soutenir les mouvements intégristes, comme c'était le cas pour l'Algérie, a fini par agacer beaucoup de pays. Même les Etats-Unis, où la liberté d'expression atteint des niveaux importants, ont pensé à attaquer militairement la chaîne qui donnait la parole aux chefs terroristes d'Al Qaîda. Lors des Printemps arabes, la chaîne qatarie a accompagné tous les mouvements d'opposition. Les islamistes ont toujours la priorité...