La cité Mohamed Bouhenni a vécu, hier en milieu de journée, des moments de forte tension à la suite d'une opération de démolition visant l'habitation d'un particulier à quelques encablures de l'hôpital Youssef Damerdji. Et pour cause, ce propriétaire d'une habitation objet d'une décision de destruction n'a pas voulu obtempéré et, en compagnie de son fils, a menacé de faire exploser le voisinage et de s'immoler si les bulldozers osaient avancer. Après de vaines tractations, les forces de police ont dû employer la force et arrêter le protestataire. Ces affrontements se sont d'ailleurs soldés par des blessures pour deux officiers de la police. A vrai dire, l'APC du chef-lieu, sur instruction du wali, a entamé, hier en milieu de journée, une vaste opération de démolition d'habitations et d'extensions urbanistiques anarchiques. Elus, curieux et forces de l'ordre ont vécu ainsi des moments d'intense émotion à la vue des engins mais aussi d'une certaine résistance de la part du citoyen qui, en compagnie de son fils, ont prolongé le suspense en menaçant de s'immoler. La tension était tellement vive que dans l'habitation en question se trouvaient stockées des dizaines de bouteilles de gaz butane. L'anarchie urbanistique a explosé démesurément au niveau de nos villes et villages et la situation a été exacerbée par la complaisance, voire des complicités à différents niveaux étatiques. A Tiaret, il existe plusieurs centaines d'habitations illicites érigées au mépris de la réglementation. «Pour la seule banlieue Karman, on compte près de 1200 cas», nous a déclaré, hier, le président de l'APC de Tiaret, Boutheldja Rabah. «Des dizaines de cas sont enregistrés aussi au niveau de Biban Mesbah, Senia et un peu partout au chef-lieu», reconnaît le maire qui, bien qu'appuyé par le nouveau wali, peine à passer à l'action. Tiaret, qui a eu dû mal à s'extirper des affres de la misère de par l'exode forcé de centaines de familles fuyant le terrorisme, à l'instar d'autres régions du pays, aspire, à la faveur des conséquents programmes d'habitat, sortir des ornières mais le populisme de certains élus n'a pas été un atout dans la quête d'un cadre de vie meilleur pour toute la région. L'habitat précaire dans la région, ce n'est pas uniquement le chef-lieu et ses banlieues mais d'autres villes de moindres importances continuent de souffrir des aléas des migrations internes, à l'exemple de Sougueur, Frenda, Takhemaret, Mahdia, Ksar Chellala et Aïn Dheb pour ne citer que celles-là. L'opération d'hier s'apparentait à une épreuve et, même si le sang a relativement coulé, ceux qui comptaient sur le laxisme devraient réfléchir.