Tout ça pour ça ! Deux heures d'attente avant l'ouverture de la rencontre. Une cacophonie indescriptible dans l'organisation, d'innombrables bousculades, le chef du groupe parlementaire FLN à l'APN, Mohamed Djemaï, debout sur l'estrade, gesticulant et vociférant pour tenter de ramener un semblant de calme... Et des journalistes malmenés tout au long de la rencontre par un service d'ordre qui s'est échiné à les empêcher de travailler. Voilà pour l'ambiance marquant l'ouverture à la Coupole du 5 Juillet de «L'initiative politique nationale pour le progrès dans la cohésion et la stabilité». Mais pour les organisateurs, l'essentiel était ailleurs. Avec la présence de représentants de 39 partis politiques, de plus de 1800 associations, des principales organisations nationales affiliées au régime, sans compter le déplacement d'une bonne partie des membres du gouvernement et de Larbi Ould Khelifa, président de l'APN, ils peuvent crier victoire. Seules ombres au tableau : l'absence du Premier ministre Abdelmalek Sellal, occupé officiellement à préparer son déplacement à Washington, mais qui s'est fait représenter par son directeur de cabinet, Mustapha Karim Rahiel, celle de Amara Benyounès, président du MPA, en «déplacement à l'étranger», et celle de Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA. Premier à prendre la parole, Amar Saadani, secrétaire général du FLN. Dans une courte allocution, le patron du plus important parti politique s'est abstenu de s'en prendre à nouveau à Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND. Après avoir descendu au lance-flammes le directeur de cabinet du Président dans les médias, l'accusant de vouloir «remplacer le président Bouteflika» et demandant son limogeage, Amar Saadani a joué la carte du rassemblement. «Cette initiative n'est pas dirigée contre qui que ce soit, mais plutôt pour le soutien au président de la République qui s'est sacrifié pour le pays et son édification», a-t-il déclaré. Le patron du FLN, qui voit des ennemis partout, a encore une fois demandé aux Algériens de ne pas tomber dans le piège qui leur est tendu. «Les Algériens doivent rester vigilants face aux menaces qui guettent le pays.» Pour cela, il les invite à propager cette initiative «à travers les wilayas afin d'exprimer leur soutien au programme du président Bouteflika et à l'ANP». Pour Amar Ghoul, président de Tajamou Amal Jazaïr (TAJ), ce rassemblement est «un message à tous ceux qui espèrent voir l'Algérie se démembrer ou être entraînée par des agendas étrangers». Dans une allusion au retour de Chakib Khelil en Algérie, le président de Taj a estimé que «la justice agit avec des preuves, non sur des accusations qui ne sont que des présomptions». Si le rassemblement est vendu par le patron du FLN comme un soutien au programme du président de la République et à l'Armée nationale populaire, personne n'est dupe sur ses objectifs. En regroupant la majorité des partis, des associations et des organisations, Amar Saadani veut isoler le RND, le couper de possibles alliances et paraître comme le seul interlocuteur du Président. «Tout ce ramdam n'a qu'un objectif, affirme un membre du comité central du parti sous le couvert de l'anonymat. Saadani veut être le seul interlocuteur du Président et peser sur la formation du prochain gouvernement, dont le changement est bloqué parce qu'il n'y a pas de consensus sur sa composante.»