« Depuis son apparition, le virus H5N1 de la grippe aviaire a touché des volailles dans une cinquantaine de pays. Environ 250 personnes ont été touchées par ce virus transmissible à l'homme et au moins 148 sont décédées », selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Karim Boughalem est sous-directeur de la santé animale au ministère de l'Agriculture. Il évalue le risque plus grand pour l'année 2006 mais rassure quant aux dispositions prises par les autorités concernées. A combien évaluez-vous le nombre d'oiseaux migrateurs qui traversent notre territoire ? On pense qu'il existe entre 250 000 et 300 000 oiseaux migrateurs qui hivernent ou qui transitent par l'Algérie. Mais la plus grande partie de ces oiseaux ne fait que passer. Le flux migratoire a-t-il débuté ? La migration a débuté depuis environ 8 à 10 jours même si le nombre n'est pas encore très important. Le maximum sera atteint vers fin octobre, début novembre. Le risque d'être touché par des oiseaux porteurs du virus H5N1 est-il plus important cette année ? Le risque zéro n'existe pas. Il y a des risques qui sont accrus par le fait que de nombreux pays dans lesquels ces oiseaux vivaient ont été touchés par la grippe aviaire. Quelles sont les zones en Algérie les plus exposées ? Les zones les plus concernées par un risque virale sont évidemment les zones de flux migratoires. Chez nous, ce sont les zones humides qui constituent soit une aire de repos pour les oiseaux migrateurs soit un lieu de séjour pour l'hiver. Nous avons la wilaya d'El Tarf, les axes Tlemcen-Oran et Alger-Réghaïa. Quelles mesures comptez-vous prendre pour éviter tout risque de contamination ? Nous avons réactivé le dispositif mis en place l'année précédente. Nous disposons dans un premier temps, au niveau de chaque wilaya, d'une commission de veille et de suivie. La commission a pour mission de faciliter l'intersectorialité en cas de foyer. La commission a également un rôle important dans l'information et elle doit tout mettre en œuvre pour éradiquer le foyer. Nous avons également réactivé la surveillance active dans les zones humides, c'est-à-dire que des agents forestiers capturent des oiseaux et les amènent chez le vétérinaire qui, par des prélèvements effectués, recherche la présence éventuelle du virus. Dispose-t-on d'un appareillage sophistiqué ? Nous avons acquis, il y a environ six mois, le PCR à temps réel. Il permet de détecter le virus en 3 ou 4 heures. Quelle est la procédure la plus importante à votre avis ? Le confinement des oiseaux est très important. 80% de la volaille est de production industrielle. Là, il ne se pose aucun problème, tandis que les propriétaires de volaille traditionnelle et familiale doivent s'obliger à les confiner. Il suffit, pour cela, d'une toiture quelconque et d'un grillage métallique. Cela permet d'éviter tout contact avec des espèces sauvages touchées par le virus. D'ailleurs, nous avons insisté pour obliger les propriétaires de volaille en cas de refus de confinement d'abattre ses volailles à des fins de consommation. Quels sont les types d'oiseaux les plus sujets à la contamination ? De récentes études franco-américaines ont démontré que le pigeon, l'étourneau et l'hirondelle restent sans danger pour la santé publique. En effet, ces oiseaux sont faiblement extracteurs. Le danger concerne surtout les oiseaux aquatiques. Le canard peut être porteur du virus mais n'en meurt pas. Tandis que les oiseaux non aquatiques meurent rapidement. Quels conseils pouvez-vous donner à la population ? Dans un premier temps, il ne faut pas paniquer lorsqu'on trouve des oiseaux morts. De plus, la contamination à l'homme ne se fait pas par voie digestive mais par voie aérienne. Il est donc inutile de bouder la volaille.